Auteur Sujet: Lettre à Iris: Cette nuit là, dans la brise du soir.  (Lu 4628 fois)

Alizea

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Shankaryan, 25ème jour d'Aketar
Lynsk

Ma douce Iris,


Ta présence me manque, la neige tombe, tourbillonne incessamment  depuis cette nuit. Le froid et la neige règnent sur les terres. Lynsk n’a toujours pas ôté son manteau immaculé. Le fera t’elle un jour ?
Il doit faire beau à Failariel. Je l’espère. La distance qui nous sépare m’est de plus en plus insupportable. J’aimerais que vienne le moment où tu me rendras visite. Lorsque les tempêtes et les guerres se seront calmées peut-être ? Je crains de ne pas pouvoir le faire moi-même.

Malgré le mauvais temps, je ne pouvais pas rester chez moi, pas aujourd’hui, pas depuis hier. Je t’écris donc cette lettre devant une étendue blanche qui s’offre, vierge de toute trace, à mon regard. La mer est lointaine, immobile, sereine.

Comme tu dois le savoir, Leïra s’est découverte pleinement à nos yeux la nuit dernière. Elle éclairait ma chambre de sa clarté bienfaitrice. Je me suis ainsi levée pour l’admirer de ma fenêtre.
Les souvenirs de cette soirée sont flous, obscurs. Je me vois, prendre ma cape, mon violon et braver les vents, la neige, pour errer dans les rues de Lynsk.

Tu te rappelles lorsque nous étions enfants ? Lorsque Maman m’a laissée, pour la première fois jouer de son violon ? Vous êtes rentrés, toi et Papa, en pensant que c’était elle qui jouait. Je me rappelle son regard, il n’y avait pas de surprise mais comme une lueur de fierté. Il était étrange que l’archet prenne vie dans ma main inexpérimentée, j’étais comme habitée, tu te souviens, c’était une nuit de pleine lune.
Tu te rappelles le soir, lorsque tu m’a retrouvé près du ruisseau avec ce violon à la main ? Tu m’as ramenée au chaud. C’est cette même forme d’absence que j’ai ressentie hier, mais tu n’étais pas là.

J’ai erré dans la ville, guidée par la lueur de la Lune, courbée par le vent, j’avançais vers la place. Je me suis rendue, où plutôt on m’a guidé près de la fontaine de Danaé. Je me suis souvent interrogé sur l’utilité d’une fontaine qui est si souvent gelée. C’est peut-être cela, la beauté, une beauté inconnue pour ceux qui la regardent le jour, une beauté intime qu’on ne découvre qu’à la lumière de la gardienne de la nuit.
Lorsque je suis arrivée près de cette fontaine, la neige s’est arrêtée de tomber, les nuages ont laissés l’étoile du soir se découvrir et observer la scène. Le calme s’est fait une place à Lynsk. Les rires et les chants dans les tavernes se sont éteints. Les rafales de vent se sont fait murmure.

Je te raconte, Iris, tu voudrais le savoir, tu m’en voudrais de te cacher cela.

Il régnait près de cette fontaine, cette douce sculpture d’onyx, symbole d’une jeune femme courtisée par un dieu, symbole d’une union entre une pluie d’or et une jeune vierge. Ce fut un lieu choisi, je le sais, même si ce n’était pas une pluie d’or, même si je n’étais pas vierge.

Le calme de la ville était apaisant, mon archet d’une main, le violon de l’autre, je commençais à jouer. Tu te rappelles de cet air que Maman nous interprétait pour nous endormir, cet air à la fois triste et joyeux ? C’est cet air là que j’ai joué, l’archet caressait les cordes du violon.
Lorsque j’ai arrêté de jouer, les notes, la musique continua à se faire entendre. Elle survolait la ville comme portée par le vent.
Le vent, une douce caresse. Je n’ai pas eu peur, tu sais, je pense que c’était écrit, que Leïra l’a voulue ainsi. J’étais dans un état second, caressé par zéphyr. Une odeur de fleur, Iris, ces mêmes odeurs de fleurs que l’on rapportait à Maman et qui embaumaient la pièce. Le souffle du vent sur la peau, étrangement, ce vent n’était pas glacial comme tu devais l’imaginer. C’était un vent sensuel, chaud, enivrant. L’ivresse, oui, c’est cela, l’ivresse qui résume assez bien mon état de la veille.

Il m’a transporté, ce zéphyr, transportée dans les airs. Je sentais ses mains sur mon corps, cette odeur enivrante, cette musique exaltante. Pendant ces quelques minutes, des heures ? Je ne sais pas, pendant ce moment qui me semblait une éternité, j’ai goûté au bonheur. A l’extase. J’ai dégusté le nectar et l’ambroisie. Je me sentais comme éternelle. J’ai senti son poids sur mon corps, sa chaleur, j’ai senti l’union de nos deux corps dans une étreinte charnelle. Une union d’un corps s’insinuant dans un autre, une symbiose charnelle, érotique.

J’ai fermé les yeux et lorsque je les ai rouvert, il était là. Je ne sais pas ce qu’il était, une ombre du passé ? Une incarnation ? Je ne sais pas. Il était là, et ces mains qui me caressaient quelques temps avant étaient les siennes. Ses yeux, Iris, une lueur libertine, une flamme qui semblait éternelle.
J’ai senti le sol sous mes pieds, il me serrait dans ces bras. Je n’ai pas tenté de le repousser. Tu pense que j’aurais du ? Je ne sais que dire à Stayz, me pardonnera-t-il ?

Cet homme, cette ombre, a desserré son étreinte, il n’a dit qu’un seul mot, « Zéphyr ». Il m’a embrassé.
Je me suis réveillé ce matin, « Zéphyr », c’était le nom du frère de la reine, mort depuis quelques années maintenant. Zéphyr, le reverrais-je ? Je crains de l’espérer.

Iris, j’espère que tu viendras me voir, dans quelque mois, je ne serais plus en état de voyager, je sens la marque de son être dans mon corps. Je vais devoir en parler à Stayz, je suis perdue, j’ai peur.

Je t’attends, j’espère que tu viendras, il faut lui trouver un nom à cette enfant.


Je t’aime,

Ta sœur, Alizea.


« Modifié: 19 Avr 2009 23:50:23 par Alizea »


Alizea

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Re : Lettre à Iris: Cette nuit là, dans la brise du soir.
« Réponse #1 le: 19 Avr 2009 23:49:52 »
Seperyan, 19ème jour de Juesti
La barque de Libs


Ma tendre Iris,                          

Je n’ai pas reçu de réponse à ma première lettre, j’espère de tout mon cœur que tu vas bien. Les temps sont troubles, les rumeurs racontent qu’aucune partie du monde n’est épargnée. Je m’inquiète pour toi. Il y a de cela quelques jours, un vieillard marchait entre les maisons construites sur l’île Aurore, il criait que les Dieux nous avaient abandonnés, qu’ils préféraient une autre contrée vierge de toute bataille. C’était le discours d’un fou et pourtant j’ai crains un présage. On raconte que le monde se métamorphose, que les rivalités cessent et que les alliances se créent. Je n’ai pas pu me rendre sur Cristal lors de cette Guerre à cause de ma grossesse, je ne sais pas ce qui s’est passé. Les gens parlent du retour de Tarphois et de ses monstres, d’autres parlent des esprits des neiges et d’une guerre contre des sortes de spectres inspirés des mythes anciens. La seule certitude est qu’il y a eu une alliance entre les quatre nations de Sanctuaire. Le monde change et ceci en est une preuve. J’espère que cela ouvre un avenir paisible pour nous tous, mais j’en doute.
Aujourd’hui je quitte Aurore, un émissaire centaure nous a averti d’un danger contre l’île elle-même. J’ai douté au début mais les Amazones et les Centaures semblent s’être alliés contre cette menace. Te rappelles-tu ma sœur les histoires que notre père racontait de son voyage chez Ugmar ? Cette guerre ancestrale qui détruisait deux peuples depuis des générations semble s’être éteinte et l’île paraît suivre la même voie. Je quitte Aurore avant que cela ne soit trop tard, j’ai deux vies à protéger bien que je me demande dans quel monde vais-je donner naissance à ma fille. La terre se transforme en lave depuis quelques jours, il est temps de partir et je suis la dernière à monter dans « La barque de Libs », le navire qui me ramènera à Lynsk. Les Totems disparaissent, je ne sais quelle puissance magique est à l’œuvre mais elle est menaçante et suffisamment forte pour détruire ce que les siècles ont épargnés.
Le Capitaine est un homme étrange, il parle seul, exprimant ses inquiétudes quant aux conditions de voyage. La mer est calme, les vents favorables. Il est angoissé pourtant. Il raconte que ses voyages précédents étaient aux antipodes de celui-là, que la mer n’a jamais été autant calme qu’aujourd’hui et jamais été autant déchaînée qu’hier. Je pense que le père de l’enfant nous protège. Les marins parlent entre eux d’une femme ailée apparue sur Sanctuaire, elle se dit reine des océans, reine des Erynnies, elle revendique le nom de déesse et défie Leïra et Ereziel. On raconte que les rois se prosternent devant elle et comptent lui bâtirent un temple. Je prie pour le Salut du monde.
J’étais à la proue du navire, mon violon entre les mains et la lune éclairant les flots. La musique était claire tout comme le ciel qui se confondait dans la robe sombre à la mer. La brise se mêlait au son de l’instrument, je m’envolais dans les airs et mes ailent étaient lumière, les vents me faisaient part d’une tragédie approchant, d’une lutte contre les forces transcendantes et naturelles mais d’un espoir lointain, faible. Iris, ma belle Iris, quel va être le monde que ma fille connaîtra ? Ne devrais-je pas me jeter dans la mer pour lui épargner ce destin ? J’ai prié Leïra d’accorder sa protection à ma fille, d’accorder son pardon aux hommes.
Ma fille portera le nom de Shina, les marchands d’Orient disent que ce nom fût autrefois porté par le Trône des Vents, c’est ainsi qu’ils appellent leurs dieux et déesses. Le nom d’une déesse des brises et des tempêtes n’est il pas approprié pour la fille du vent ?
C’est ainsi que je termine cette lettre ma sœur, j’espère qu’elle te parviendra. Prends soin de toi, j’espère te retrouver avant la naissance de Shina. Puisse-tu être baignée dans la lumière nocturne.


Ta sœur, Alizea.



Iris

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Re : Lettre à Iris: Cette nuit là, dans la brise du soir.
« Réponse #2 le: 20 Avr 2009 03:16:51 »
Oniryan, 27ème jour de Juesti,
Auberge Seizonne
Ma bien-aimée Alizea,


Sache tout d'abord que ta présence, tes morceaux de musique me manquent énormément. J'ai bien reçu ta première lettre mais j'étais en pleine bataille et j'avoue ne pas avoir pris le temps d'y répondre.
Je ne t'ai pas raconté d'ailleurs, j'étais en fait sur Crystal à me battre avec les quatres royaumes de Sistearth rassemblés pour une même cause.
Le roi Reikon Triton, la reine Tsuchie Clythie, le roi Seizon Volken et Alma, une personnalité mizue incontournable, avaient réussi à organiser une offensive sur l'île glacée dans la plus grande discrétion à la suite d'une information qu'il leur a été parvenu : Tarphois, le maître des minions, serait de retour.
Le traumatisme qu'il avait laissé était grand, nous avions réussi la dernière fois à nous en tirer grâce au mystérieux Van Hant et à la bénédiction de Nali qui nous avait protégé mais nous ne voulions pas lui laisser l'initiative cette fois ci.
Nous avons donc débarqué en masse, je n'avais jamais autant de personnes rassemblées au même endroit, nous devions être 200, voir 250. Et ce ne fut pas de trop ! En face, Tarphois avait déjà batit une véritable forteresse avec ces mercenaires. Imagine toi des dizaines et des dizaines de tours et d'avant-postes postés sur toute l'île. La tâche fut d'autant plus dure que personne n'avait eu le temps d'expérimenter les machines de guerre.
Les six premiers jours de bataille furent un massacre pour l'ennemi, les tours et avant-postes étaient très rapidement détruits ou incendiés et il faut avouer que cela a été possible particulièrement grâce au commandant de cette opération, Triton, qui a composé des groupes, chacun composé d'un chef à qui il communiquait les prochaines cibles. J'étais d'ailleurs une de ces chefs !
Nous prenions confiance en nous, Tarphois ne se montrait pas. Mais dans la nuit du 6eme au 7eme jour, pendant que nous nous reposions et à l'insu des veilleurs, Tarphois réussit, on ne sait comment, à reconstruire tout ce que nous avions détruit. Pire même, il avait renforcé certaines structures qui en devenaient plus efficaces !
L'aube du 7eme jour fût sanglant. Heureusement un excellent et efficace repli tactique ordonné par Triton, nous a permi de nous réorganiser pour mieux détruire par la suite. Tarphois en fût surpris je pense car lorsque le dernier bâtiment tomba, nous ne l'avions toujours pas aperçu.
Se fut donc une des plus belles guerres à laquelle j'ai pu assister, aucun sistearthien n'a rompu l'alliance qui nous unissait, tous ont su dépasser leurs différents.

Depuis j'ai tenté de t'écrire mais en vain. Tu as du la remarquer, tu as toujours été plus mystique que moi, cette atmosphère lourde qui règne sur notre monde depuis quelques semaines. Comme si la magie suffoquait et disparaissait peu à peu, un Arraches m'a dit ne plus pouvoir utiliser un aléaporteur et en allant voir un marchand celui-ci l'a informé que tous étaient inefficaces.
Il y a aussi, comme tu l'as mentionné, cette reine, se prénommant Sally et possèdant deux immenses ailes blanches sur le dos, avec qui les seizons ont essayé de communiquer. Mais elle restait là, au dessus de l'oasis, sans répondre.

Tout cela n'est guère rassurant mais je ne m'inquiète pas vraiment pour toi, tu as toujours été très intelligente et perspicace, j'espère juste que tu n'as pas de difficultés à utiliser ta magie blanche. J'avoue avoir toujours été passionée par cette maîtrise de la protection et de la guérison que tu as, j'espère que ma nièce possèdera les mêmes dons.
En tout cas, sache que je serais toujours là pour elle, quoi qu'il arrive, je m'en occuperais comme de ma propre fille, même si cela implique que je doive faire des concessions.

Il faut bien entendu que nous nous rencontrions, cela fait longtemps que je ne t'ai pas vu ma petite soeur. Que dis-tu de se rejoindre sur l'île aux fleurs ? On raconte que la reine Sally a engagé un excellent architecte pour y construire un temple en son honneur, allons voir ce qu'il en retourne même si je sais que tu ne l'apprécies pas à cause du défi qu'elle lance à Leïra.
De plus, c'est à l'île aux fleurs que Zéphyr a péri, non ?


Ta soeur qui t'aime plus que tout au monde,
Iris.
« Modifié: 20 Avr 2009 03:28:36 par Iris »

Alizea

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Re : Lettre à Iris: Cette nuit là, dans la brise du soir.
« Réponse #3 le: 10 Juin 2009 15:21:46 »

Erayan, 10ème jour de Elteriaki
Adélie

Ma chère Iris,


Cette lettre que je t’écris parviendra, je l’espère, jusqu'à toi. Je ne sais pas où l’envoyer, je ne sais même pas si tu es encore une vie ma bien aimée. Je compte sur l’instinct d’Espérance pour retrouver sa maîtresse. Au pire quelqu’un retrouvera cette lettre et mon histoire ne sera pas perdue. Je couche mon histoire sur le papier et comme cela, les générations suivantes, ma fille, auront mon témoignage des événements tragiques qui nous ont fait fuir de Sanctuaire.
Ainsi, les divers événements dont je te parlais dans mes précédentes lettres en annonçaient de plus sinistres. Je ne connais pas de faits exactes mais d’après les rumeurs, un Ordre obscurs de chevaliers auraient débarqués sur nos côtes. Certains on voulus les combattre et doivent être mort à l’heure d’aujourd’hui. Orianne, cette jeune fille si mystérieuse, a trouvé un moyen de sauver les jeunes de tous les royaumes, d’autre ont eux aussi atteints cet autre monde, et je souhaite de ton mon cœur et de toute mon âme que tu y sois parvenue.
A l’heure où je t’écris, cela fait déjà quelques mois que je suis sur cette nouvelle île où le royaume Reikon a élu domicile. Je n’ai pas pu t’écrire plus tôt, la situation politique est troublée. Notre reine Morrigane s’est retirée du monde, elle prie à présent le Grand Bonhomme de Neige. Quant à Triton, nul ne sait s’il est encore en vie, je redoute le pire, malheureusement. Le royaume Reikon est abandonné par ses souverains, ses guides et par les morts entraînés par la chute de Lynsk. Je n’ai pas revu Stayz depuis ma fuite, je n’ai eu non plus le courage de lui annoncer mon état, j’espère qu’il  est en vie, quelque part, mais je préfère qu’il ne me trouve pas avec un enfant qui n’est pas le sien.
Lorsque je me suis rendue compte que la fuite inéluctable que je devais entreprendre, mon cœur s’est serré. La terre de nos ancêtres n’est plus la notre, nos villes ne sont plus que cendres et nos amis ne vivent qu’à la faible lumière de la chandelle où nos ménestrels chantent les exploits d’hier. Je pourrais embrasser cette vocation, mais j’ai une fille à m’occuper et trop d’illusions brisées.
Pourtant mon histoire mérite d’être raconté, j’espère que tu la conserveras près de toi. Ainsi comme je le disais, la fuite devint la seule issue possible pour moi et mon enfant, mais Orianne était introuvable lorsque j’ai entamé ma quête. Je l’ai cherchée longtemps, aussi longtemps que l’Ordre me laissait de temps mais leur progression était rapide. Ainsi, je me suis retranchée sur la plus haute tour de Lynsk, dernière survivante de la ville de Glace. Les vents tourbillonnaient autour de moi, les envahisseurs étaient à nos portes et les cris de leurs victimes résonnaient à mon oreille. Le désespoir grandissait en moi, j’attendais la mort sur cette tour, les hurlements du vent couvrirent les supplications des blessés, de ces hommes et femmes qui seraient, quelques minutes plus tard, mort. Pendant ces quelques instant qui me semblaient les derniers, l’envie de jouer une dernière fois. Je pris alors mon violon, mon archet et je commençais à jouer. Les vents se calmèrent, du moins me semble-t-il, cette longue plainte, une triste mélodie, résonnait dans les airs, reprise par le murmure du vent. La température augmenta, c’est un phénomène étrange sur une tour de Lynsk balayée par les vents, mais là n’est pas la question. C’est dans cette atmosphère que Zéphyr m’est apparu, il avait cette illusion de consistance que l’on trouve chez les spectres mais il me sembla fait de chair et d’os à ce moment. C’est cet homme, amené par les vents, qui m’offrit le passage vers l’autre monde, il semblait accorder plus d’importance à ma vie que moi-même, ma fille passait avant tout selon moi, fruit de mon corps et d’un esprit des vents.
Zéphyr a disparu quelques minutes après notre arrivée sur cette nouvelle île de glace, une légère caresse, un doux baiser de la brise et il ne fut plus. Mais je pense qu’il erre dans cet archipel de territoires inconnus, un jour peut-être aurais-je le temps de le chercher, de lui poser les multiples questions qui me viennent à l’esprit.
Mais, parlons de Shina, je pense me retirer de la vie politique de Lynsk, je vais sûrement me trouver une île inhabité où je pourrais élire domicile, prier Leïra, et me mettre à la recherche de ce vent si aimable. Mais cette vie ne conviendra pas à une enfant, j’aimerais l’élever à l’écart des guerres, des querelles et des intrigues politiques mais une vie d’ermite ne pourra pas lui donner le jugement nécessaire… Tel est mon dilemmes ma chère sœur, il me faut vivre dans cette nouvelle cité qui me rappelle tant l’ancienne et les amis, les frères que j’ai connu dans le passé.
J’ai le projet de l’éduquer dans cette cité, mais j’espère que la haine qui unit ces royaumes s’estompera où du moins épargnera ma fille. J’ai ainsi le projet de l’envoyer chez toi, dans ce qui sera le royaume Seizon. Elle pourra ainsi voir et comprendre les deux faces d’une même pièce et vivre sa vie comme elle l’entend, prendre part aux combats ou bien vivre dans la paix à l’écart de ces querelles. Je te fais confiance pour la guider à ce moment là. Je ne doute pas que tu accueilleras ta nièce avec chaleur.

Puisse Leïra t’avoir protégé durant cette apocalypse, j’attends ta réponses qui m’épargnera une personne à pleurer de plus. J’espère te rencontrer bientôt, quand je tiendrais ma fille entre mes bras et que les temps seront moins instables.

Alizea, Ta sœur qui t’aime tendrement.
« Modifié: 10 Juin 2009 15:26:51 par Alizea »