Chapitre 1 : Méditations sur la place publique de Failariël
Zapkt se tenait immobile à contempler le château de Failariël. Il méditait sur la récente tentative de coup d'Etat qui avait pour but de détrôner son roi et camarade de clan ; il venait de passer ses précédents jours à tout faire pour faire échouer ce coup d'Etat, ce qui avait grandement augmenté sa connaissance de l'art de la politique. Peut-être s'y mettrait-il un jour sérieusement, après tout, qui sait... Ses nombreux combats lui avaient déjà apporté le titre de noble... Pour aider son roi, il avait dû revenir d'urgence à la capitale, interrompant ses recherches d'un nouveau trésor, recherches qui occupaient une grande partie de son temps depuis plusieurs mois. En réalité, il n'avait pas encore trouvé de piste, puisqu'il venait tout juste de déterrer un nouveau coffret - Le deuxième en trois jours - "Un de plus" avait il pensé alors.
Zapkt se tourna vers la Banque Royale Seizonne, et se mit alors à méditer sur l'état de ses finances, dont il n'avait largement pas à se plaindre. Lors de ses précédents mois de recherches, il avait réussi à bâtir une fortune considérable, en déterrant entre autres un dizaine de petits coffrets et une autre dizaine de coffrets ; il avait même trouvé des livres sous la terre de sanctuaire, ce qui l'avait étonné au plus haut point : qui avait eu l'idée d'enterrer des livres au milieu de nul part ? Comment pouvaient-ils avoir gardé un si bon état après un séjour dans la terre ? Il y avait sans doute quelque phénomène magique caché là dessous - mais Zapkt étant un archer, son rapport avec la magie était assez distant : il ne ressentait aucune magie dans ces livres, qui devaient pourtant en contenir une bonne quantité. Il savait que ces livres étaient rares et recherchés par des nombreux habitants de Sistearth, mais il ne désirait pas les vendre car il savait que personne ne lui en donnerait un prix assez élevé pour l'intéresser, vu la somme qu'il possédait déjà. Les seules propositions qu'il avait reçues étant reikonnes, il avait gardé ses livres sans rien en faire.
Ayant vécu une très grande partie de sa vie à Failariël, les talents naturels de négociateur de Zapkt étaient quasiment innés. Ceux-ci avaient contribué à accroître sa fortune, lui permettant de revendre plus cher ses découvertes. Il devait aussi l'état de son compte en banque à la conjecture économique extrêmement favorable - incroyablement favorable, même : il s'en doutait bien, cette croissance incroyable, il la devait à la bénédiction de Malara, sa déesse préférée en tant que déesse du commerce. En se tournant vers son temple, il se promit à lui-même d'aller la prier plus souvent. Il réfléchit un moment et se rendit compte qu'il n'était même jamais allé la prier... Il jura de la faire rapidement. Car il savait bien que cette croissance hautement positive ne serait pas éternelle, et que dès que Malara relâcherait un peu de sa magie, il se pourrait bien qu'il perde tout du jour au lendemain. Il frissonna à cette idée et décida de transformer rapidement tout cet argent en biens matériels. Il tourna alors son regard vers sa pelle, sa vieille pelle en fer, usée d'avoir creusé et creusé pour déterrer tant de trésors. Et alors une idée farfelue lui traversa l'esprit. Son penchant pour la mégalomanie prenait le dessus : la chasse aux trésors occupant une si grande partie de sa vie, et étant l'un des meilleurs, voire le meilleur chasseur de trésors, pourquoi ne s'offrirait-il pas une pelle en or ? Il ne savait pas si son efficacité serait égale à celle de se bonne vieille pelle en fer, mais il demanderait à Sebastian, le forgeron officiel du Royaume Seizon. Cette idée folle le remplit de joie, et il se mit à rêver de cette pelle dont l'éclat lui apporterait la jalousie de ses concitoyens.
Un brouhaha lointain le détourna de ses pensés. Des gens s'agitaient aux environs du port : sans doute y avait-il eu une nouvelle catastrophe en mer, les troubles maritimes étant courants ces derniers temps. Un désastre pour le commerce. On parlait d'agitation au niveau des dieux. Zapkt n'y croyait pas trop, mais les nombreux phénomènes surnaturels produits récemment le forçaient à admettre qu'il devait bien y avoir là une part de vérité. Il avait lui-même subi un de ses phénomènes, se sentant anormalement mal en pleine course vers un nouveau trésor. Des illuminés hurlaient à travers les rues que la fin du monde était proche. Ceux ci l'exaspéraient : la terreur répandue parmi la population n'était pas favorable au commerce. Néanmoins, il ne voulait pas l'admettre, mais il y croyait lui-même un peu. De nombreux aventuriers étaient déjà partis à la quête d'indices concernant ces phénomènes surnaturels. On disait qu'une déesse, Sally, était apparue, et la population était divisée à son égard : certains voulaient tout faire pour l'aider, d'autres pour lui nuire. Il se dit qu'il faudrait que lui aussi parte à la quête d'indice, car mourir après avoir rassemblé une si grande fortune sans avoir pu en profiter serait trop bête.
Il se décida à aller chercher des indices concernant ces phénomènes étranges, puis regarda sa pelle quelques secondes.
"Oh, aller, un dernier..."
Et il repartit en quête d'un nouveau trésor.
