Le début d'une grande histoire

[Mister Horobi]

L’air est chaud et la brise si légère que l’on dirait une caresse quand elle effleure ma peau…
Le sable est brulant et il rentre dans mes chaussures… rhaa je déteste ça !
Du sang coule le long de mon bras, je ne l’avais toujours pas remarqué jusqu’à maintenant. Je sors un tissu qui s’imbibe rapidement du liquide rouge à son contact. Ce sang n’est pas le miens… Il est à ce tsuchis là bas… Oui, celui qui gît à terre… mort… les membres fracassés par le choc de mon bouclier en bois contre ses os et tailladé par la lame de mon épée longue…

La guerre…
Comme toujours, ou presque, je suis sur le front dans le désert. Il n’y a pas de réelle attaque sur notre ville… Seulement un maintient de l’ennemi loin de nos terres. Je ne suis pas seul.

Mon bras nettoyé du sang de mon ennemi, je passe à mon arme, tachée elle aussi. Epuisé, je décide de m’asseoir sur ce rocher à côté, qui émerge de cette mer de sable. Il est chaud lui aussi alors j’installe quelques peaux de bête. Une douleur me foudroie le bas du dos et la jambe droite. Comment est-ce possible ? Je n’avais rien ressenti jusque là.
Une grimace. Je serre les dents, yeux fermés. Je prends place sur mon rocher tant bien que mal.
Un bref coup d’œil dans ma besace à portée de bras… Rien d’intéressant… Les onguents se font rares chez moi. Mais ce n’est pas grave. Je ne suis pas seul.

Un léger bruit de pas dans le sable à peine audible derrière moi me tire de mes pensées et de ma douleur. Je regarde ma Pristine, en face de moi. Elle ne semble pas apeurée bien au contraire. Une connaissance alors… Je me détends et va pour me retourner mais un envoutant parfum vient titiller mes narines… Je le connais maintenant… Plus besoin de me retourner, je sais qui est là… Et oui… Je ne suis pas seul…

Elle est là… La demoiselle qui hante mes pensées depuis quelque temps maintenant…

[Mister Horobi]

***

Leur première vraie rencontre datait d’il y a un peu plus de trois mois.
Certes, ils s’étaient bien croisés avant cela mais… à l’époque, elle était une ennemie.
Lui, souverain du Royaume Mizu. Elle, une jeune mage née au sein du Royaume Tsuchis.
Rien ne laissait présager ce qui allait arriver… Surtout qu’Horobi avait perdu sa femme, et rien ne l’intéressait à part voir le sang de ses ennemis couler encore, encore… et encore.

Cette première rencontre signifiait beaucoup pour la jeune femme. Elle était avec son mari et cherchait à se faire naturaliser Mizu. Dès cette première entrevue, le jeune chevalier avait remarqué qu’il avait à faire à une personne de qualité et sincère.
Elle était douce, souriante, gentille et séduisante. Avec son mari, ils formaient un très beau couple. Le jeune souverain leurs avait dit et il le pensait en toute sincérité.

Les semaines passèrent. Il apprit à la connaître. Elle était très attachante. Les qualités ne manquaient pas, loin de là. Il commença à passer du temps avec elle, à se rapprocher peu à peu, indéniablement, comme attiré par une force mystérieuse qui se dégageait de la jeune mage. Depuis le décès de sa femme, il s’était juré de ne plus jamais connaître l’amour et pourtant… et si…

« Tu n'es pas qu'une citoyenne pour moi. » Avoua Horobi, le vingt et unième jour de Nabsar alors qu’il passait un peu de temps avec la jeune femme.
« Je tiens à la plupart des Mizus, mais certains… encore plus que d’autres. »
La demoiselle fit comprendre qu’elle était heureuse d’avoir intégrer ce nouveau royaume.
« Que tu es attentionné… » Disait-elle avec ces petits yeux craquants.
« C'est toujours un réel bonheur de prendre soin d'un petit ange… »
La jeune mage était flattée et gênée des paroles de son roi.

Ils ne tarissaient pas d’éloges l’un envers l’autre. Ils étaient devenus si proche qu’elle se confia à lui, car elle avait des problèmes. La jeune femme pensait au divorce. Son mari était trop souvent absent.
Horobi avait beaucoup d’estime pour les deux jeunes gens, et il était réellement peiné de voir ce mariage se briser.
Il ne savait pas trop quoi dire, depuis la mort de sa femme, il avait un peu perdu l'expérience d'un couple et des problèmes que cela pouvait impliquer.

La complicité de la jeune mizue et du Roi ne cessa de croître. Les regards étaient intenses, les sourires sincères…
Elle avait fait son choix, elle allait divorcer. La mage ne se trouvait plus être une épouse modèle. Elle s’en voulait de batifoler, même dans les limites du raisonnable, et songer à un futur compagnon, en voyant Horobi, qu’alors le mariage la liait toujours à son mari.
Ainsi, le douzième jour de Nuersar… Elle divorça. La jeune femme avait de la peine… Mais son choix était fait depuis quelque temps maintenant. Elle devait le mettre en pratique.

Une page venait de se tourner, mais une autre venait de s’ouvrir…

***

[Mister Horobi]

Je ferme les yeux et j’inspire une fois puis deux ce doux parfum… Je souris, je me sens apaisé quelques secondes mais ma douleur se fait de nouveau ressentir un peu. La nouvelle arrivante le sait déjà. Elle s’approche tout près de moi, je sens parfaitement sa présence maintenant dans mon dos. De délicates lèvres déposent un léger baiser sur ma joue puis... une sorte d’aura commence à m’entourer.

Des petits picotements… Je me sens transpercer par un flux magique… La douleur s’adoucit…
Je rouvre les yeux et me tourne vers la jeune femme…

« Qu’est-ce que je deviendrais sans toi Lliana...»

Ma tendre Lliana… Celle qui hante mon cœur et mes pensées jour et nuit…

Elle n’avait pas terminé. Elle me sourit et se glisse dans mon dos une nouvelle fois puis passe ses bras autour de moi.
Elle ferme les yeux et se concentre. Des protections magiques commencent à apparaître autour de nous. Elles scintillent… Je les distingue encore quelques secondes puis deviennent si transparentes que mon œil ne les perçoit plus.

« Tu es vraiment une mage remarquable ! » Dis-je en rougissant.
« Je suis très bien protégé maintenant et ma douleur… je ne la sens plus du tout. »
N’écoutant que mon cœur, je prends une des mains de la jeune mage et je l’embrasse sur le dessus, comme pour la remercier, lui montrer ma reconnaissance à son égard.

« Mais je suis là pour ça, à quoi servirais-je si ce n'est pas pour protéger convenablement ? » Dit-elle simplement en souriant et en me regardant droit dans les yeux.
« Oui c'est sur que c'est ta vocation mais rien ne t'oblige à rester à mes côtés… Je vis dans le danger… »
Elle emboîta directement sur ma phrase.
« …Et je vis pour protéger les personnes en danger. Il est vrai que je pourrais choisir d’être aux côtés d’autres guerriers mais… »

Une nouvelle fois, je suis touché par ce qu’elle dit… En la regardant, je pense qu’elle est aussi gênée que moi.
Elle a beau essayer de me rassurer, j’ai peur pour elle et je me décide à lui dire.
« J’ai si peur à chaque fois… Peur de ne pouvoir protéger ceux qui m’accompagnent. »

De sa voix douce et mélodieuse…
« Je me protège aussi… Et si les protections ne suffisent pas à dissuader l’ennemi, alors être à tes côtés devrait suffire. D’autant plus qu’il faudrait déjà qu’ils réussissent à m’approcher. »
« Les gens, parfois, préfèrent s’en prendre à la personne qui parait la plus fragile des deux… »
« Il ne faut pas se fier aux apparences… »
Elle me fait un clin d’œil. Je ne peux que me soumettre à ce visage angélique.
« Oui… » Dis-je simplement, mon regard toujours plongé dans le sien.

[Lliana]

Je regarde de loin le roi qui revient dans nos rangs après une attaque sur un tsuchi. Il semblerait qu'il ne s'en soit pas sorti indemne. Mon coeur se serre. Il s'assoit sur un rocher, apparemment trop épuisé. Je me rapproche doucement, dans son dos, j'ai envie de l'enlacer. J'hésite. Sa jument me regarde, je commence par le soigner car ses blessures semblent douleureuses.

Je finis par passer mes bras autour de lui avec affection et lui crée quelques protections en prévision des prochains combats.

Il me complimente, je suis flattée. Il me remercie par un baiser sur la main, je suis gênée mais heureuse. J'aime sa douceur.

Je crains de rougir alors je réponds sérieusement : « Mais je suis là pour ça, à quoi servirais-je si ce n'est pas pour protéger convenablement ? »

« Oui c'est sûr que c'est ta vocation mais rien ne t'oblige à rester à mes côtés… Je vis dans le danger… »
S'inquiète-t-il ? Pense-t-il que je ne fais que mon devoir et que je pourrais prendre sous mon aile n'importe quel combattant ?
Je tente de le rassurer, de le mettre sur la voie : « …Et je vis pour protéger les personnes en danger. Il est vrai que je pourrais choisir d’être aux côtés d’autres guerriers mais… »
Mais je ne sais pas comment finir ma phrase, ce n'est pas encore le moment de me déclarer, je la laisse en suspend.

« J’ai si peur à chaque fois… Peur de ne pouvoir protéger ceux qui m’accompagnent. »
Les muscles de mes mains se contractent à entendre ces mots, je résiste pour ne pas serrer les poings. Il ne sait pas combien j'angoisse lorsque je suis en ville et lui au désert. Il frole toujours la mort et je ne suis pas là pour prendre soin de lui. Je préfère cent fois risquer ma vie aussi mais au moins avoir un oeil sur lui, savoir qu'il va bien, voir quand il est blessé et être certaine qu'il sera secouru.
Mais tout ça je n'ose pas lui avouer, je me contente de lui dire que je pense aussi à me protéger et que j'ai confiance en lui.

Je ne veux pas qu'il se fasse inutilement du souci. Je crois que je l'ai convaincu puisqu'il n'ajoute rien de plus qu'un simple « Oui… ».

La journée fut longue, je n'ai pas chômé. Fatiguée, je me laisse aller et repose ma tête sur l'épaule du roi.

[Mister Horobi]

"Une nouvelle journée commence sur ce paysage triste et sanglant. Je me suis bien reposé auprès de Lliana et mes blessures se sont très bien rétablies grâce à elle. Je me surprends à penser ce que je ferai sans elle… Lliana est tout pour moi. Je m’en rends compte chaque jour qui passe.

Trop fatigué, je n’ai même pas fait le guet, même si je m’étais assuré que le coin était plutôt tranquille hier soir.
Je la regarde dormir encore un peu… Son sommeil est léger, elle ne va pas tarder à se réveiller à cause des doux rayons du soleil et à cause de la température qui remonte assez rapidement en journée.
Je décide de marcher un peu et de vérifier les environs. Je laisse à Lliana un petit bout de parchemin lui expliquant mon absence si elle se réveillait avant mon retour.
Je saisis mes armes, j’embrasse la jeune mage sur le front et je file sans un bruit…

De longues minutes plus tard, je reviens vers notre petit campement d’infortune. Elle est assise et m’attends patiemment.
Je lui souris. Je la mets rapidement au courant de mes découvertes car non loin d’ici, j’ai repéré quelques tsuchis.
Elle se remet aussitôt au travail avec les protections… sur moi-même, mais aussi sur elle. Ceux qui penseraient qu’elle serait fragile se casseraient les dents sur ses murs d’airs.
Je me sens intouchable, cela fait bien longtemps que je n’étais pas aussi bien protégé."