Auteur Sujet: Eve  (Lu 12668 fois)

Eve

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Eve
« le: 03 Déc 2005 02:30:15 »
Le soleil ...
Crie, hurle ...
La douleur ...
Encore, toujours cette brûlure ...
J'étouffe ...

Un passé obscure.

J'ouvrais les yeux, rien. Une caverne, non, une cave.
Je suis nue.
Trois ou quatre jours sont passés. Toujours pas de lumière.
Se nourrir, rester en vie.
Les rats pullulent. Les viscères crues sont les plus dures à avaler.
Un filet d'eau tombe d'un des murs directement dans un petit trou de la taille de mon poing.
Je me dirige à l'ouïe.
Suis-je folle ? Il ne faut pas oublier. Parler, se souvenir.
Perdu la perception du temps.
J'ai « vu ».
Je vois de plus en plus nettement.
Je prend un malin plaisir à écraser les crânes des rats. Le *CRAC* lors du choc contre les murs est devenu un bruit familier.
La cave fait cinq mètres sur trois. Deux mètres de hauteur.
Je ne vois pas d'issue, juste les trous qui font jaillir ma pitance.
Mes mains sont ensanglantées, mais j'ai réussit à détacher un bout de roche.
J'ai taillé le bout de roche en pointe, mais les étincelles me brûlent les yeux. J'ouvre les rats plus facilement.

*AAAAAAAAARGH !*

Ils ont ouvert. Une trappe dans le plafond. Mes yeux me font atrocement souffrir.
Je suis donc prisonnière.
Ils sont revenus, mais j'ai gardé les yeux fermés. J'ai caché mon morceau de pierre dans le creux de ma main. Ils m'ont sortie de ce trou, la lumière me brûle à travers les paupières. Ils ne parlent pas, j'entends juste leur respiration. Nous passons dans des couloirs je crois. Ils me passent un fin bandeau de cuir sur les yeux, ils semblent avoir comprit.

Ils m'enferment de nouveau, mais dans une cellule avec des barreaux. La lumière est toujours là, mais grâce au bandeau, je n'ai plus mal. Il m'ont donné des vêtements qui me grattent terriblement.Tout ce qui semble être des jours ils m'apportent à manger. C'est cuit, beurk.

Il arrive ... Il a ouvert la grille, je l'entends poser une nouvelle assiette par terre, je lui saute dessus, et j'enfonce le morceau de pierre aussi profond que je peux, encore et encore, son sang se répand partout le long de mon bras. Je ne sais pas combien de temps je continue de lui déchiqueter les entrailles. Je me venge, il est déjà mort mais je continue, je veux sentir sa vie s'écouler dans mes mains.

Je reprend mon souffle. L'autre doit être quelque part dans les environs. Je fouille le cadavre, je ne trouve rien à part un trousseau de clefs et un petit couteau. Je n'entends rien. J'essaye d'enlever mon bandeau, AAH ! La douleur s'estompe rapidement, mais je sais que je ne pourrait pas encore ouvrir les yeux. J'avance à tâtons. Tout à coup, je perçois des bruits de pas qui viennent vers moi. Le couloir semble former un angle, je me cache. Il s'approche, encore, encore ... Je brandis le bras d'un seul coup, je le touche mais je sens qu'il n'est pas mortellement blessé. Il vacille sous le coup et je l'entends se ressaisir. Je porte alors tout mon poids en avant et vise le son de sa respiration. Un gargouillement me signale que je l'ai touché en plein milieu de la gorge, perforant sa pomme d'adam d'un coup sec. Il y en a peut être d'autres.

...

J'ai fouillé tout l'étage de fond en comble. Le couloir dans lequel j'étais me ramenait à une rangée de cinq cellules. Et plus au fond encore j'ai retrouvé la trappe qui menait à ma prison, environ cinq mètre plus bas. En faisant marche arrière je suis arrivé dans une salle moyenne qui semble être le poste de garde. Une porte dans le mur de droite, ouverte grâce au trousseau, donne sur une réserve dans laquelle j'ai trouvé de la nourriture et plusieurs longs morceaux de cuir. Il y avait aussi une dague et un arc court, aussi que divers ustensiles. Le mur du fond donne sur une porte qui mène directement à des escaliers, mais je suis restée en bas pour le moment. J'ai éteint toutes les torches que j'ai pu trouver. La lumière est beaucoup moins violente, et j'ai pu rouvrir les yeux. C'était étrange, je voyais comme en plein jour. Enfin, avais-je jamais vu le jour ?

J'ai quitté ces abominables vêtements qui m'arrachaient la peau et j'ai confectionné dans le cuir plusieurs vêtements rudimentaires. C'était un beau cuir bleu noir assez fin et doux au touché. Je devais m'échapper, mais je ne savais même pas où j'étais. J'ai trouvé un sac dans lequel j'ai fourré tout ce qui pouvais m'être utile, puis je me suis dirigé vers les escaliers. En arrivant en haut j'ai remis mon bandeau. Les sons que je percevais m'indiquais qu'il y avait trois gardes dans les environs. Je devais être dans une cour extérieure. Passant derrière un garde en faction, je l'égorgeais avant de le traîner sur le palier des escaliers. Ce bruit de bouillonnements sanglants me procurait de doux frissons le long de l'échine. Les deux derniers gardes se trouvaient sur ma gauche, à une dizaine de mètres. Soulevant prudemment mon bandeau, je m'apperçu que la nuit étant suffisement sombre pour me permettre de voir sans peine, hormis quelques torches que je lassais derrière moi.

Sortant mon arc, je visais le premier garde. La flèche décochée lui traversa le poitrine dans un souffle et il s'écroula. Le deuxième se remettait seulement de sa stupeur quand je lui envoyait une flèche dans la jambe droite. Je me précipitais dessus, mais je décidais de ne pas l'achever, pas tout de suite ...

Il mis longtemps avant de mourir. J'ai prit du plaisir à lui arracher les rotules. Je revois encore ses yeux effrayés. J'aurais peut être du lui poser des questions avant de lui arracher la langue, mais sous le coup de l'émotion, je n'ai fait que profiter de cet instant.

Me voilà seule, dans un endroit que je connaissais pas, sous une nuit noire. Après avoir lavé mes mains de tout ce magnifique sang et récupérée une cape de coton noir, je décidais de prendre la route. Je ne savais plus du tout qui j'étais, ni quelle avait été ma vie avant tout ça, mais je comptais bien repartir à zéro.

J'ai marché, encore et encore, puis le soleil a pointé à l'horizon, droit devant moi. J'ai juste eu le temps de remettre mon bandeau avant d'être aveuglée. Ma peau blanche n'a pas supportée longtemps les rayons meurtriers et j'ai du trouver un abris. Quelques bosquets parsemaient la plaine dans laquelle je me trouvait, et je décidais d'y passer la journée. Selon toute vraisemblance, je me dirigeais donc plein est. Je décidais que la nuit venue je me dirigerai plus vers le nord, il fallait que je m'éloigne le plus de la chaleur. Je m'endormis rapidement mais d'un sommeil agité.

La fraîcheur nocturne me réveilla et rassemblant mes affaires, je perçu des sons au lointain. Une lueur vacillait plein nord, je décidais d'aller voir. C'était un campement de voyageurs, peut être des marchands. Ils étaient une dizaine environ, et bavardaient bruyamment. Tout en restant sur mes gardes, je m'approchais, et ils finirent par m'apercevoir. Ils me regardaient bizarrement, ce qui somme toute n'avait rien d'étonnant. Je pouvait sentir la tension, étais-je dangereuse ou pas ? Je levais la main en signe de paix. Le soulagement était visible sur leurs visages, et ils m'invitèrent à me joindre à eux.
Je leur répondit que je préférais rester dans la pénombre, à cause du feu. Je m'assis à une distance raisonnable et sortit une pomme dans mon sac afin de m'associer à leur dîner. Ils me demandèrent d'où je venais et qui j'étais. Je restais très évasive, ne sachant pas si je pouvais leur faire confiance. Ils me racontèrent qu'ils étaient un groupe de voyageurs du royaume Reikon accompagnés de quelques marchands. Il y avait Gurn, un grand costaud qui me fut présenté comme le chef du convoi. Lavin, son frère avait une carrure semblable. Tout deux s'occupaient aussi de la sécurité du voyage. Il y avait aussi Baldo, Crurri et Fath, marchands de profession. Un forgeron répondant au nom de Galb me proposa une choppe de succulente bière brune. Je la dégustais avec un plaisir non dissimulé. Enfin, Tufh et Jad étaient de simples voyageurs qui profitait de cette caravane marchande pour de se rendre au château reikon. Je m'enquis de savoir ce qu'était ce royaume Reikon déjà évoqué. J'appris que c'était l'un des quatre royaumes qui régnait sur ces terres.
Était-il possible que j'ai tout oublié ?
Ils m'apprirent aussi que ce royaume se trouvais tout au nord, dans les régions des neiges. Hum, voilà qui me conviendrait. Je demandais à me joindre à eux et leur proposait mes services en temps que garde de nuit. Ils acceptèrent avec plaisir et cette première soirée se termina. Quelques jours passèrent et je finis par leur raconter mon histoire. Jad me dit qu'il pourrait faire quelque chose pour moi une fois arrivés à destination.

Notre voyage se passa sans encombre jusqu'au royaume Reikon. C'était bien le pays des neiges, et le soleil était suffisement bas dans le ciel pour que la chaleur ne me brûle plus.
Je gardais mon bandeau, et Jad me conduisit au château. Je fus introduite dans la salle du trône, et présentée devant la reine Morrigane. Je lui racontais que j'étais sans patrie et que je cherchais quelque part où m'établir. Je fus ainsi accueillie parmi les Reikons. C'était un peuple sombre et rude, endurcis par de rigoureux hivers.

Les temps passèrent, et j'eus l'occasion de revoir plusieurs fois mes anciens amis. Après un autre voyage avec eux, Galb m'offrit un arc classique pour remplacer mon vieil arc court en me remerciant de mon aide et Fath m'aida à confectionner des nouvelles protections en cuir et en métal.

Je combat aujourd'hui pour le royaume Reikon face aux Seizons. J'y prend du plaisir, et je continue de chercher ce qui a bien pu m'arriver il y a des années, dus-ai je tous les torturer lentement et souiller la neige immaculée avec leur sang.
eikon, Noirceur et Colère.