Auteur Sujet: L’Héritage.  (Lu 801 fois)

Genji

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L’Héritage.
« le: 17 Jan 2007 21:29:01 »
L’Héritage.

Lorsque Genji arriva sur la falaise que lui avait indiquée sa mère, elle était déjà arrivée. Elle était assise, et Genji remarqua tout de suite un sac de tissu à côté d'elle ; sûrement plein de ces "souvenirs" si importants dont elle lui avait parlé... Il affichait toujours sa mine faussement grognonne,  suite à leur dispute de la veille, et s’avança encore un peu et finit par se planter devant sa mère.
« 'Jour maman.
-'Soir. Et alors, tu ne me fais pas la bise?»
Soupirant légèrement, Genji s'approche et embrasse sa mère, un peu embarrassé. Yukikaze sortit de son sac du pain et une tranche de lard et les tendit à Genji.
« Tiens, tu dois avoir faim. »
Genji accepta la nourriture mais attendit sans la manger. Il s’assit. Il attendait que Yukikaze se serve aussi. Lorsqu’elle le comprit, elle se servit également.
« Il y a aussi de l'eau, si tu veux. »
Un silence pesant s'installa, et Yukikaze le rompit brusquement :
"On commence par où?
-Ca, c'est à toi d'en décider je pense.
-Bon... Eh bien, un jour, je marchais dans les rues d'un village que je venais de mettre à sac... les habitants avaient résisté, une fois n'est pas coutume. Nous avions mis le feu aux toits des chaumières, et quand je suis arrivée sur la place du village, il y avait un type qui n'était pas de mon équipage. Tous mes compagnons étaient inconscients ou se tordaient de douleur. J'ai levé mon épée et pris mon poignard dans mon autre main. J'ai foncé, peut être plus par fierté que par envie de venger mon équipage, et alors que j'allais lui porter le premier coup, j'ai entraperçu une lumière, pour ne voir plus qu'elle jusqu'à ce qu'elle disparaisse. J'étais aveugle. Et j'ai entendu la voix de l'inconnu qui me raillait. Il disait "Alors, on est perdue?" Je me retournais, mais sa voix provenait toujours de derrière moi. Je me suis souvenue des entraînements que j'ai eus dans l'Archipel des pirates, quand nous devions toucher le front de nos coéquipiers alors que nous avions les yeux bandés... j’étais très bonne à ce jeu là ! Et je crois que j'ai réussi à le toucher, ce jour là. Parce qu'après une heure de combat épuisante, il m'a simplement terrassée d'un coup, par la magie. Et quand je me suis réveillée, il y avait du sang sur mon coutelas … C'était la première fois que je rencontrais ton père. »
Ils firent une pause. Yukikaze sortit une gourde  et la tendit à son fils, et celui-ci la prit avec un sourire indéchiffrable, peut-être sarcastique. Ses yeux d’enfant brillaient dans la pénombre du couchant.
« La deuxième fois, j'avais rassemblé ce qui me restait d'équipage pour aller mendier des fonds et des hommes aux Reikons, qui m'employaient à l'époque comme corsaires. J'étais à la cour, et soudain, je vis, à côté du roi, cet homme ! Il me lança discrètement un regard amusé, alors que je bouillais de rage, et a glissé un mot à l'oreille du roi Reikon avant de s'éclipser. Plus tard dans la journée, j'assistai à un dîner avec le roi Reikon en l'honneur d'une espèce d'alliance avec des mizus... et j'étais assise en face de devine qui?
-De mon père ?
-Gagné !
-A quoi... à quoi ressemblait-il ? dit Genji d’un ton hésitant.
-Il avait tes yeux, soupira Yukikaze, et il t'a également donné sa couleur de cheveux... Il était plutôt bien bâti pour un étudiant des arcanes, et il avait une sorte d'air indescriptible... Comme s'il se moquait en permanence de tout le monde.
-Je suis bien le fils à mon père alors ? (Un sourire complice rayonnait sur le visage de Genji .)
-Oh oui, fit Yukikaze en riant. Et il m'a forcée à lui parler, je ne pouvais décemment pas l'ignorer, j'étais à la table des conseillers du royaume reikon, et ... le bouder aurait pu être perçu comme une offense envers le royaume reikon, et je me suis vite rendu compte que ton père était comme moi : il protégeait ses intérêts, mais nous avions une différence majeure : lui, il le faisait pour une cause. Moi, je ne cherchais qu'à vivre sans me soucier du lendemain ! Et donc, nous avons correspondu assez longuement. Et quand, un jour, nous nous sommes revus par hasard, j'étais en sang, je venais d'être lapidée par des mizus, tu te rappelles de cette histoire que je t'avais racontée?
-Bien sûr que je m'en souviens !
-Et donc, il m'a recueillie, dans les forêts de pins près des terres glacées des Reikons. Il m'a soignée ; je me sentais redevable, mais je n'avais plus rien, plus rien à lui offrir.
-Alors tu lui as offert ton corps... »
Yukikaze pensa un instant gifler son fils pour son insolence mais s'en retint, elle n'allait pas gâcher ce moment par son orgueil... Elle reprit sa respiration, expira bruyamment, et reprit :
« Genji, tu plaisantes, j’espère ! Je l'ai juste aidé à chasser des lapins, à refaire son toit, et peu à peu nous en sommes venus à une relation plus intime. Au bout de quelques mois, hein, quoi de plus normal? Et je m'aperçus que je l'appréciais, en dépit de nos différences, et que je tendais même à me mettre d'accord avec lui... Et, un jour, tu es arrivé !
-Je suis donc né dans les forets reikon?
-Oui… Ton père me disait que nous deux avions une puissance magique élevée, et que tu en avais hérité, et que tu suivrais certainement une des deux voies magiques. Tu pensais être né à Hibari?
-En fait, je n'y avais jamais songé…Donc, mon père sait que j'existe...
-Oui.
-Pourquoi ne pas m'avoir laissé chez lui alors?
-Pace qu’un jour, ton père n'est pas revenu d'un petit voyage qu'il effectuait pour trouver des Jocaicas, qui ne poussent pas beaucoup sur les terres gelées. Je l'ai cherché, d'abord aux alentours de la maison, puis dans les hameaux des alentours, avec mon petit bébé dans les bras, et, à chaque fois, je ne trouvais rien. Mais si d'aventure je trouvais une piste, et que je la suivais, il me fallait m'arrêter pour que tu puisses grandir confortablement, manger, dormir et être au chaud. C'était trop dur, et je me suis souvenu d'une amie qui s'était mariée à un paysan, Shin'rin, alors, je t'ai déposée chez eux, pensant qu'ils prendraient soin de toi le temps de retrouver ton père. Un jour, j'avais une piste aux alentours de Denkaro. Et, dans la foulée, j'ai rencontré Yindo qui m'a proposé d'entrer dans l'Akatsuchi. J'ai donc mis mes espoirs de côté. Et quand je me suis rendu compte que sept ans et demi avaient passé depuis le début de mon périple, je me suis dit que tu ne te souvenais plus de moi, et je n'osais pas retourner à Hibari...
-Je comprends mieux pourquoi tu aides Nainventive...
-Oui, notre quête est similaire, et son malheur est le mien... mais sache que nous sommes tous deux de dignes héritiers de la pensée de ton père :  nous protégeons, nous ne détruisons pas!
-Tu ne m'as toujours pas dit son nom ! »
Yukikaze sortit une petite boîte de bois sombre de son sac et en sortit un rouleau de parchemin, qui découvrait une esquisse d'un homme correspondant à la description du père de Genji. Elle émit une lumière à l'aide de magie et tendit l’esquisse à Genji.
« Thoryn, il s'appelait Thoryn.
-Thoryn... Yukishiro?
-Non. Nous n'étions pas mariés, Yukishiro est le nom de ma famille de l'Archipel… Voilà, tu sais tout. Mais j'ai d'autres choses pour toi.
-C'est-à-dire?
-Certaines affaires de ton père... enfin, si tu en veux
-Bien sûr ! »

Leur discussion se poursuivit jusque tard dans la nuit. Tous deux s’étaient mis d’accord pour retrouver Thoryn, mais ils laissaient toujours des questions sans réponse. Quand l’aube se leva, ils dormaient blottis l’un contre l’autre sous le ciel étoilé