Auteur Sujet: [Irvine Kinneas]De l'ombre à la lumiere  (Lu 10925 fois)

Irvine Kinnéas

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[Irvine Kinneas]De l'ombre à la lumiere
« le: 07 Avr 2006 09:22:39 »
C'était un de ces jours où les souvenirs refont surface. En effet plus Irvine s'éloignait de la ville Mizu et plus ses souvenirs redevenaient plus vrais que nature. Sa vision se modifia alors et il put voir qu'il était entouré par les flammes. L'odeur de du sang, de mort l'oppressaient. Chaque fois qu'il faisait un pas devant l'autre il marchait sur une jambe, un bras ou un corps calciné. C'était un supplice.

La panique commençait à s'emparer de lui mais alors il vit apparaître un jeune garçon, couvert de sang, les larmes aux yeux. L'enfant essayait désespérément de réveiller sa mère même s'il ne faisait aucun doute que jamais plus elle ne verrait le soleil se lever. C'est alors qu'il comprit ce qu'il lui arrivait. Irvine revivait cette nuit de cauchemar où ses parents et tous ses amis furent tués. Pourtant ils faisaient partie d’une compagnie d’artiste qui voyageait sur la terre ferme, de spectacle en spectacle.

Ce petit garçon perdu, apeuré n'était autre que lui.

Dés le début des combats, ses parents avaient décidé de le cacher dans l'armoire. Ils lui disaient que tout irait bien, qu'ils allaient revenir et qu'il ne fallait pas pleuré. Il fallait être fort disaient-ils. Quand la porte se referma, se souvint-il ,il s'était mis a pleurer. Il n'aimait pas vivre dans le noir et pourtant il ne voulait pas décevoir ses parents alors il allait être fort, pour eux.

Pourtant des cris de douleur, d'hommes en armes se propageaient dans la plaine jadis si paisible. Or tous ses bruits cessèrent au bout d'un moment. Irvine avait été surpris, il attendit alors ses parents, ils devaient revenir le chercher mais il n'en était rien. Irvine pleurait de plus belle il ne savait que faire, s'il faisait une bêtise il se ferait gronder par ses parents. Il était perdu dans cet espace clos.

Soudain il entendit le bruit du bois qui éclate et une légère fumée essayait de passer par l'espace libre sous la porte de l'armoire. Irvine essaya avec des vêtements de combler l'interstice mais ça ne suffisait pas. Il était désemparé, il ne savait plus que faire. Ses yeux le piquaient à en pleurer et chaque respiration était une épreuve du combattant. L’enfant décida de s'enfuir alors. Il ouvrit la porte et vit un spectacle qu'il n'oubliera jamais de sa vie.
La carriole était en feu. Tous ses jouets brûlaient, c'était un spectacle horrible pour un enfant. Ne sachant quoi sauver du désastre, il sortit de la roulotte mais la porte étant en feu il dut sauter à travers une fenêtre alors que le feu faisait un mur entre lui et la liberté. Irvine ne ressentit même pas le contact du feu avec sa peau, il n'eut pas le temps de s'en préoccuper. Tout ce qu'il voulait c'était retrouvé ses parents. Ils avaient dit qu'ils reviendraient le chercher donc ils devaient se cacher quelque part.

C'est cette nuit que revivait le jeune homme mais il revoyait la scène avec ses yeux d'adultes.

L'enfant courait partout. C'était un désastre, tout avait été livré au feu rien n'était épargné. L'enfant pleurait, appelait ses parents. La première fois qu'il s'arrêta devant un cadavre, il ne comprit pas alors ce qui se passait dans la tête des hommes qui avaient fait cela. Il avait peur mais il continuait ses recherches. Il fallait être fort se disait -il. Il se rendait même pas compte du feu qui s'emparait de ses vêtements, il essayait de le chasser comme on chasse un moustique. La douleur fut tellement forte qu'il se décida enfin à déchirer ses vêtements. Il se roula par terre pour éteindre le feu sur son petit corps. Il reprit ses recherches.

Malheureusement dans sa course frénétique, il s'arrêta net . Il reconnut la robe que portait sa mère. Elle était déchiré et sa maman était couverte de sang, de plaies. Il s'agenouilla et pleura toute les larmes de son corps. Il l'appela mais elle ne répondit pas. Elle ne répondrait jamais plus. L'enfant laissa sa peine le surmener et il s'assit alors près d'elle recherchant son contact. Il était enfin en paix, il ne voulait plus bouger pour le moment.

Au bout de quelques temps, l'hennissement des chevaux le fit réagir. Alors la douleur dans son épaule gauche lui fit échapper un cri de douleur. Une petite voix l'encourageait à partir se cacher. Ne sachant pas qui c'était il préféra s'enfuir dans la foret la plus proche. Avant de fuir il embrassa sa mère une dernière fois, lui prit son collier qu'il avait fabriqué pour son anniversaire et s'en alla définitivement. La douleur était insupportable mais il devait être fort comme il l'avait promis à ses parents. Il le deviendrait, il le promit devant les étoiles.
Il s'enfuit alors...




Le feu avait brûlé une surface importante de son épaule gauche. Le jeune homme la massa tout doucement. Apres cet épisode, il vivat dans la forêt pendant plus de trois ans. Il n’avait alors que 12 ans. Ces années l’endurcit que ce soit face à la douleur mentale ou physique. Les animaux sauvages l’auraient tué s’il n’avait pas appris à vivre dans les arbres, construire des pièges ou bien se cacher parmi les taillis, les broussailles. Il était devenu un vrai sauvageon. Il apprit au fur à mesure à allumer un feu même en temps de pluie en conservant toujours un peu de bois morts au sec. De plus en observant la nature, il put en apprendre plus sur les animaux et parfois il arrivait à soigner certains bêtes blessés par des chasseurs. Cependant pour subvenir à ses besoins, parfois il devait voler dans les champs proches de la forét. Un jour alors qu’il se promenait en quête de nourriture il tomba sur une prairie où une cascade reflétait à certains moments les lumières du soleil mais ce qu’il l’intéressait surtout c’était les légumes qui poussaient dans le champ voisin. S’approchant en toute discrétion, il commença à faire sa récolte.

Cependant, tout d’un coup, il sentit une violente pression sur son épaule qui le forçait à se retourner. Il vit alors qu’un homme assez âgé le contempler. Le regard de Irvine se figea en voyant les yeux les yeux de l’homme qui avait réussi à le surprendre alors qu’il était toujours sur le qui-vive. Cet homme n’avait pas l’air furieux que l’on vienne lui volait sa récolte mais il était plutôt amusé. Il commença à s’adresser d’une voix calme.


Tu ne devrais pas voler ainsi. Ce n’est pas une activité pour un jeune garçon de ton age. N’as-tu donc rien de mieux à faire, tu n’es pas en formation chez un maître ou autre ? Je vois que tu es sale, tu devrais un peu plus soins de toi-même tu n’arriveras à rien dans la vie si tu reste comme ça .

Irvine n’avait su quoi répondre. De plus cela fait longtemps qu’il n’avait plus tenu une conversation. Ne sachant quoi faire et étant libre de ses mouvements, il préféra prendre ses jambes à son cou et laissa tomber une partie de son butin. L’homme ne le poursuivit pas à son plus grand étonnement. Il ne préféra pas y penser pour l’instant, il voulait retrouver le calme de la forêt, son seul véritable foyer.

Pourtant il ne put s’empêcher à repenser aux paroles de l’homme. Oui il n’avait rien à faire, juste à survivre. Surtout face à un tronc, il se força à parler, du moins essayer les premiers jours. Les premières fois  aucun mot ne sortait mais à force de persévérance il put enchaîner quelques mots et faire des phrases entières. Il faisait enfin quelque choses de sa vie, il ne voulait plus se faire prendre en faute comme avec cet homme et ne pas pouvoir se défendre. Il avait tout perdu mais pas sa fierté, non et il n’avait jamais oublié la promesse faites à ses parents. Il devait s’endurcir. Il remarqua aussi qu’il ne porta que des guenilles et qu’il sentait vraiment pas bon. Il décida alors d’éliminer le plus de crasse possible sachant qu’il ne pouvait pas tout enlever. Les jours suivants il ne put s’empêcher de retourner près du champ de l’homme qui fut le premier à le surprendre en flagrant délit. En le voyant s’occuper de ses cultures, il se rendit compte qu’il aimerait pouvoir s’occuper aussi comme le faisait cet homme. Depuis trois ans, il n’avait eu de cesse à végéter.

Le jeune sourit en se remémorant ses souvenirs.

Quelques jours plus tard il se retrouva nez à nez face à cet homme. Il avait encore réussi à le surprendre en se déplaçant discrètement alors que l’enfant pensait être bien caché. Cet homme s’appelait Hokanu et il allait devenir son élève…..

Irvine Kinnéas

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[Irvine Kinneas]De l'ombre à la lumiere
« Réponse #1 le: 07 Avr 2006 09:23:07 »
Irvine ne put s’empêcher d’être surpris lorsqu’il fut découvert par son futur mentor. En effet, il avait particulièrement pris soin de se trouver une cachette ou il pouvait voir sans être vu.

Il avait jeté son dévolu sur un chêne à la hauteur impressionnante et aux branches touchants pratiquement le sol à leurs extrémités, signe de son grand age. Mais ce qui était remarquable c’était ses connexions avec les arbres environnants grâce à un réseau de branches qui s’entrelaçaient avec les autres. La fuite en cas de menace ou de découverte était grandement facilité par cet avantage, vu qu’il y avait un accès direct pour la cime de cette forêt.

Perché ainsi, il pouvait observer ce que faisait l’homme qui l’avait surpris la fois dernière, il le regarda prendre soin de son champ, enlever les mauvaises herbes, entretenir les canaux d’irrigation partant du petit torrent crée par la chute d’eau. Il contempla cet scène pendant quelques temps, cette vie tranquille lui manquait depuis ce jour où ses parents périrent.

Tout n’avait été que souffrance et solitude maintenant , le moindre faux pas aurait pu lui être fatal. Combien de fois il avait faillit manger des baies ou des racines toxiques, heureusement qu’en observant le régime alimentaire des animaux, il pouvait discerner ce qui était comestible ou non.

Mais ce qui lui manquait le plus c’était justement cette tranquillité. Il ne pouvait s’empêcher de penser à cette vie qu’on lui avait volé en même temps que ses parents. Il ne savait pas si un jour il pourrait de nouveau connaître le bonheur au quotidien. Jamais plus il ne rirait en faisant une bêtise avec ses amis d’enfance, il aurait donné tout ce qu’il avait de plus précieux pour pouvoir entendre de nouveau la voix de son père qu’il le grondait pour une quelconque bêtise d’enfant.Ne plus voir le sourire de sa mère en contemplant ses enfants manger une tarte aux myrtilles ou rire de ses amis chapardeurs qui avaient le chic de voler le gâteau tout juste sortie du four à pain. Sa mère ne les sermonnait jamais, non , elle disait toujours que ce n’était que des enfants et qu’il existait de pires maux sur cette terre que de voler des gâteaux.
Machinalement, il porta à ses yeux l’amulette qu’il avait offert à sa mère. Il avait une promesse à tenir et ce n’était pas ainsi qu’il l’accomplirait. Séchant alors les larmes qui se formaient à la base de ses yeux et menaçant d’envahir ses joues, il décida de descendre de son perchoir. Mu par il ne savait quel instinct, il porta son regard vers la petite maison mais il ne vit plus le propriétaire. Il ne savait même pas quoi chercher. De la fumée se dégageait même de la cheminée. Sans doute était il entrain de faire de la cuisine, s’était il dit à ce moment là.

Ne sachant pas pourquoi il devait rester là et surtout son ventre se rappelait à son propriétaire cela faisait longtemps qu’il n’avait pas mangé correctement, il préféra revenir sur la terre ferme en prenant soin de ne pas glisser sur la mousse si traîtresse qui poussait à la surface des branches.

Atteignant la base du tronc du vénérable chêne, il ne put s’empêcher de passer sa main sur l’écorce du tronc, il appréciait cette forêt c’était devenu son second foyer même si la vie était loin d’être facile. Il ferma les yeux et se concentra sur son examen. Le contact était rugueux mais sous cette apparence de dureté, il y avait de la vie qui était sans défense face aux haches des bûcherons. Il resta immobile ainsi pendant quelques temps, laissant la brise du soir lui caresser ses joues. Il se sentait bien, vivant même.

Cependant, une lourde main s’abattant sur l’épaule mit un terme à ce contact particulier avec la nature. Même en gardant les yeux clocs, il était persuadé de savoir qui pouvait bien le surprendre ainsi. Cela m’était à mal sa fierté alors qu’il s’était persuadé que personne ne pouvait le prendre en défaut. Pourtant il s’était bercé de douces illusions.

Cette fois ci il ne se déroba pas comme la fois dernière et préféra se retourner et fixait du regard celui qui l’avait surpris ainsi. Ce fut l’intrus qui parla le premier.


Alors, fiston, on reste là à m’observer. Tu n’as donc rien de mieux à faire. Je vois que tu sens moins fort que la dernière fois, tu as enfin pris le temps de prendre soin de ta personne.

A voir ces yeux malicieux pétillaient de vie, le jeune garçon sut que cette conversation amuser cet homme. Il n’y avait aucun reproche dans ce qu’il disait. Il l’invitait à répondre, alors le petit vaurien prit la parole d’une voix mal assurée, hésitante. S’entraîner devant un buisson était plus aisé que devant une personne, il s’en rendait compte maintenant. Prenant son courage à deux mains, il commença à formuler une réponse.

Je m’excuse pour hier de vous avoir voler mais je devais me nourrir et vos légumes n’avaient donné l’eau à la bouche….

Il ne put même pas finir sa phrase, son futur maître l’interrompit de suite. Il paraissait surpris.

Tu n’as donc pas de parents pour prendre soin de toi ? Je ne comprends pas pourquoi tu serais obligé de subvenir à tes besoins, tu n’as pas à le faire c’est ta famille qui doit s’en charger ? Dis moi, j’ai l’impression que tu n’as pas l’habitude de parler, je ne me trompe pas, non ?

Il paraissait stupéfait par ce qu’avait dit l’enfant et Irvine ne put s’empêcher de rouler de grosses larmes. Elles n’amélioraient pas du tout sa diction, déjà que ses réponses étaient hachées, il devait aussi sécher ces larmes car elles encombraient sa vue. Il ne savait pas pourquoi il réagissait ainsi mais l’homme n’avait pas cherché à le sermonner pour son délit.
Non, ce qui était surprenant c’est qu’il paraissait s’inquiéter du sort de l’enfant. Peut être est ce pour cela que ce jour là, il lui conta son passé. A l’époque, il n’avait pu décrire le drame qu’avec des mots d’enfant mais le visage de l’homme s’attristait à mesure que le malheur, qui s’était abattu sur le petit voleur, se précisait. Il ne l’interrompit pas une seul fois, facilitant les confidences de Irvine.

Au bout d’un moment, il n’avait plus rien à dire et ce fut à ce moment que le destin l’avait mis sur la route de cet homme. En effet, à la fin de ces confidences, il le prit dans ces bras et le jeune garçon appuya sa tête sur son épaule. Caressant son visage tout en lui disant des paroles réconfortante, il lui assura que plus jamais il ne serait seul, que s’il le voulait il pouvait venir habiter chez lui, il avait de quoi le nourrir jusqu’ à ce qu’il atteigne sa majorité et alors libre à lui de décider de rester ou de voler de ses propres ailes.

Le garçon se dégagea de l’étreinte de l’homme et ne sut pas quoi dire. C’étaient les plus belles paroles qu’il avait entendu depuis la mort de ses parents. Il ne sut quoi répondre et préféra prendre la fuite. Il avait peur de s’engager, il ne savait pas du tout s’il était prêt à retrouver une vie normale. Il se maudit pour sa réaction mais il ne savait pas du tout comment réagir. Alors il courut, courut….

Pendant quelques jours, il réfléchit aux paroles de l’homme, il cherchait dans celle-ci, l’ombre d’un doute qui pourrait le persuader de refuser cette offre. Plus il y pensait, plus il se rendit compte que c’était la seul personne qui vous l’aidait et qu’avait-il fait lui, c’était fuir. Il avait du lui faire de la peine, comment pouvait-il de nouveau se présenter devant cet homme. Jamais il n’avait eu autant honte de lui qu’en cet instant, pourtant quelque jour plus tard il se présenta devant son futur mentor et il l’accueillit a bras ouvert, il ne fit même pas mention de ce qui s’était passé. Il était heureux de l’accueillir et Irvine lui ne savait pas ce que le destin lui réservait encore. Ils se dirigèrent ensemble vers la maison car un repas chaud l’attendait et il était affamé. A mesure qu’ils avançaient, il sut que sa vie ne serait plus jamais la même….

Irvine Kinnéas

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[Irvine Kinneas]De l'ombre à la lumiere
« Réponse #2 le: 07 Avr 2006 09:23:37 »
Ils rentrèrent ensemble dans la petite ferme. En passant la porte, il fut surpris du contraste imposé par la relative obscurité régnant à l’intérieur. Les volets étaient à rabattus en tuile et le  feu s’essoufflait par manque de combustible. Voyant cela, Hokanu ,il lui avait  donné son nom quand ils se dirigeaient vers la maison, se précipita vers le tas de bois situé près de l’entrée et prit deux, trois bûches qu’il mit dans l’antre de la cheminé. Il se retourna alors :

On a eu chaud, un peu plus et le feu s’éteignait et je n’aurais pas pu réchauffer ton repas.

Cela fit rire l’enfant.

Vous savez, qu’en on vit dans la forêt on se contente de peu de chose et on se prive justement des repas chauds. Ce que je faisais cuire c’était juste la viande et encore cela attirait les prédateurs alors j’ai vite compris qu’il fallait manger la viande crue et les légumes les faire sécher si possibles.

Le joie qui avait percé dans les premières paroles de son futur maître avait laissé sa place à du désarroi.
Je sais ce que tu as enduré et je suis surpris que tu es survécu si longtemps. Tu as été très courageux. Je ne sais pas ce qui t’as fait tenir aussi longtemps mais je suis heureux que tu sois d’accord pour t’installer ici. Mais je ne vais pas te laisser attendre, installe toi, le repas sera vite prêt.

DarkeRahl regarda autour de lui et ne vit qu’une petite table encombrée de papiers en tout genre et de petits pots hermétiquement fermés. C’était le seul endroit où il pouvait s’asseoir alors il s’y dirigea et se fit une place en poussant certains des pots et des manuscrits. Il n’avait jamais appris à lire mais il reconnut des sigles et chiffres. Ce qui l’intriguait c’était que quelqu’un avait utilisé différentes encres pour les écrire. Il ne savait pas le sens à donner à ces écrits mais il prit soin de les déplacer sans abîmer la qualité du papier. Son père lui avait un jour montré du vrai papier et non ce que certains marchands vendait ,en tant que telle, de vulgaires parchemins faits avec de la peau de moutons. Ici le papier était très fin et aussi très joli. Cela n’avait rien avoir avec ce qu’il avait vu quand il était petit. Délicatement, il en fit une pile et les plaça dans un coin de la table.

Pendant ce temps, l’homme avait le dos tourner et s’occupait d’installer une grosse marmite suspendu à un énorme crochet. Le petit chenapan se rendit compte que la cheminée était immense puisque malgré le récipient suspendu, les flammes ne léchaient pas du tout le fond mais il y avait plutôt bien une quinzaine de centimètres d’écart. Il regarda sur les cotés de la cheminée et il vit que la barre d’acier au quelle était accroché le crochet pouvait être descendu ou non en fonction de la hauteur des flammes. Il suffisait pour cela de déposer la marmite sur une énorme plaque de métal sombre et d’adapter le système facilement. Irvine fut surpris par la simplicité du dispositif même si les risques de brûlures étaient toujours là. Au moins il n’était pas nécessaire d’attendre que les flammes aient suffisamment diminué pour mettre la nourriture à cuire. C’était très ingénieux vraiment.

A mesure que le feu réchauffait le repas, une douce odeur s’en dégageait, toujours plus enivrante. Cela lui mettait l’eau à la bouche. Mais il continua quand même à observer l’intérieur de la maison, il fut surpris de constater qu’au dessus de la cheminée se tenaient deux magnifiques épées dans leur fourreau disposées en X. Elles étaient visiblement anciennes car elles ne ressemblaient pas à celles des gardes que son père engageait parfois pour défendre la caravane. Ensuite son regard se porta sur une énorme carte accrochée sur un des murs à l’opposée de la cheminé, elle représentait la terre et les océans qui encadraient celle-ci. Juste sur la gauche de la table où il était assis, il y avait une bibliothèque remplie de livres et de manuscrits. Certains n’étaient même pas rangés. Vraiment plus il observait cette pièce, plus il se demandait ce que pouvait faire cet homme. Cela l’intriguait.

S’intéressant de nouveau au repas qu’on lui préparait, il vit que l’homme l’observait.


Tu es bien curieux ,dit il avec un large sourire. Veux tu manger ou que je te parle de moi ? Oh je vois que tu as fait du ménage autour de toi, ne t’inquiète pas, ce n’est que des brouillons, je n’ai rien de précieux dans cette pièce.

Hokanu amena une écuelle et une cueillere, puis il donna une large part de ce qui pouvait s’apparenter à un ragoût. Irvine regarda l’assiette machinalement mais fut intrigué par le sens à donner à la dernière phrase du propriétaire de cette maison.

Mais la faim eut raison de son cerveau et il se mit à manger de bonne appétit. Il était vraiment affamé et redemanda plusieurs fois de la nourriture.
Que c’était bon d’avoir la panse bien remplie. Jamais il n’avait autant mangé en trois ans. Il avait l’impression qu’il avait plus mangé par peur de voir ce rêve se terminer demain que par véritable nécessité. Cela faisait quelques assiettes déjà qu’il n’avait plus faim.

Hokanu lui retira son écuelle rapidement, lui assurant qu’il avait assez mangé. Il lui montra ensuite où il allait dormir. Il ouvra une porte située en face de la table. C’était une drôle de pièce qu’ils traversaient. Il y avait de drôle de plantes suspendues à des cordes parcourrant de long en large la pièce. Ces plantes étaient entrain de sécher visiblement et elles dégageaient toutes une odeur particulière qui mélangeait entre elle créaient un parfum à la fois fort et oppressant, suffocant même.

L’homme lui montra au fond de cette pièce, une porte où derrière on pouvait trouver un bureau poussiéreux et sur la droite une alcôve. Irvine comprit qu’il allait dormir là et fut aussi surpris par la grandeur de la maison, de l’extérieur il la trouvait déjà énorme mais là il comprit qu’en faite une bonne partie de l’établissement était occupée par la pièce qu’il avait quitté juste avant.

Son nouveau chez lui sentait le renfermée et ils décidèrent donc d’ouvrir les volets en grands pour laisser l’air frais conquérir l’intérieur. Son futur maître lui expliqua que cette chambre avait été construite pour accueillir toute personne qui voulait étudier avec lui mais que depuis de longues années elle était inoccupée. Irvine aurait voulu demander plus de détails sur la vie de cette homme mais la fatigue prit le dessus sur sa curiosité et après avoir aidé l’homme à mettre de draps propres, il s’effondra dans son lit. Même s’il avait eu le temps de se changer et de mettre la grosse robe de lin que lui avait donné l’homme en guise de vêtement provisoire, il ne l’avait remercié que d’un signe de tête, telle un zombie.

Lorsque qu’il fut confortablement installé dans le lit, il pleura de joie, cela faisait si longtemps qu’il rêvait de ce moment où il pourrait se reposer en toute tranquillité. Il était pourtant encore tôt, mais depuis qu’il était entré dans cette ferme, tout le stress dû à sa vie dans la forêt l’avait quitté et une grande fatigue l’avait remplacé.

En effet, depuis trois ans, il devait pour survivre se cacher. Même quand il dormait dans les arbres à l’abri des prédateurs terrestres, il devait faire attention à ceux qui vivaient dans les arbres, il ne pouvait dormir que d’un œil, à l’affût du moindre bruit suspect. Ce n’était pas une vie pour un enfant mais il avait promis de devenir à fort à ses parents et il allait le devenir quelqu’en soit le prix.

Plongé dans ses pensées, il s’endormit ainsi mettant un terme à sa vie de sauvageon.

Irvine Kinnéas

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[Irvine Kinneas]De l'ombre à la lumiere
« Réponse #3 le: 07 Avr 2006 09:24:01 »
Les jours suivant furent pour Irvine une épreuve, il avait pris l’habitude d’être libre de ses mouvements et se retrouver à vivre dans une maison le perturba. Il devait retrouver certains automatismes comme aider à faire la vaisselle ou faire du rangement.

Hokanu le mettait à contribution pour nettoyer le champs de betteraves, d’haricots secs et de petits poix. Il appréciait ses moments là car à mesure que le temps passé il pouvait voir pousser ces protégées, les choyer. L’homme âgé s’en rendit compte et réserva un espace où la passion pour la botanique de l’adolescent pourrait s’exprimer librement.
Il fut tellement d’avoir un jardin secret qu’il partit pendant des jours à rechercher des essences rares. Quand il revient il avait les ongles noirs de terre et sa tenue était déchiré et couverte d’échardes. Mais Irvine avait un grand sourire, en se dirigeant vers son futur mentor. Il passa le reste du temps à replanter et organiser son jardin.

Hokanu l’observa pendant ses préparatifs et ne put s’empêcher de conseiller et d’aider le jeune adolescent. Il avait l’impression de se revoir quand il était encore un petit jeune. Cela lui plut de voir le jeune vaurien réceptif à ses conseils.


-Voudrais tu en savoir plus sur les plantes, comment les planter et tirer de leur sève, racines et feuilles des baumes au vertu curative ? J’ai de nombreux livres qui traitent de ce sujet et je m’y connais assez pour que tu sois mon apprenti.

Les yeux de Irvine brillèrent d’attention, il était visiblement intéressé mais un sujet le tracassé visiblement.

Mais comment je pourrais faire, je ne sais pas lire…

Hokanu fut ému d’entendre cette pointe de frustration dans sa voie. Il s’agenouilla et lui souffla à l’oreille.

Je t’apprendrais à lire et tu devrais maîtriser ce coté de la langue très rapidement.

Le visage de son apprenti s’illumina et ne put bredouiller que des excuses tellement il était heureux.

Les premières leçons commencèrent le lendemain peu de temps après l’arrosage du champ. Son maître commença à lui apprendre à faire la différence entre les nombreuses lettres de l’alphabet et leurs sons. Hokanu faisait preuve d’une patience incroyable mais le jeune voleur apprenais et assimilait vite tout ce qu’il disait. A tel point que vers la fin de l’après midi, il était capable de réciter l’alphabet sans se tromper.

Le lendemain il lui appris à associer les lettres pour faire des sonorités différentes avec juste deux lettres mises bout à bout. L’apprenti s’amusait beaucoup vu que l’enseignement était faite de façon ludique avec de nombreuse poses. Cela lui prit quatre jours pour enseigner la fusion des lettres et les règles de prononciation. Cela faisait de longues journées d’apprentissage mais Irvine ne se lassait pas du tout d’être vissé sur une chaise durant toute l’après midi. C’était un élève sérieux et un apprenti incroyable.

Au fur et à mesure, en quelques semaines il était capable de lire des phrases entières en donnant du sens à chacun des mots même s’ils étaient très simples. Mais à mesure que Irvine assimilait la langue, son mentor lui donnait des livres sur la cuisine, la géographie lui permettant d’assimiler le plus de vocabulaire possible. L’adolescent dévorait les livres le soir et ne s’arrêtait que lorsque la bougie de sa chambre s’éteignait.

Le lendemain, il posait ses questions à son maître sur des mots ou des phrases compliqués. Hokanu prit plaisir à répondre à son apprenti. A mesure que les semaines passés, Irvine prit conscience de l’écriture et des livres. Un jour, l’homme âgé découvrit un brouillon sur lequel le jeune voleur s’était essayé à dessiner des lettres. L’écriture était maladroite mais pas du tout ridicule et prenant conscience de son oubli, commença à former son apprenti à l’écriture.

Ce jour survint un début d’après midi quand Hokanu disposa sur la table une plume, de l’encre et du brouillon. Cette fois ci c’était du papier de mauvaise qualité. Le jeune adolescent fut très ému de voir que son maître, celui qu’il considérait comme son père avait pensé à lui apprendre le métier de scribe. Tout comme pour la lecture, Irvine m’y peut de temps à assimiler les bases et en l’espace d’un mois, il commençait déjà à écriture ses propres commentaires sur ses expériences dans son jardin.

Tous les soirs, Hokanu et son apprenti se réunissait autour du feu pour discuter des écrits qu’avait lu le jeune vaurien. Son maître voulait que son élève fasse de sens critique devant un texte et il voulait aussi lui enseigner la science de l’observation et de toujours remettre dans son contexte les livres lus et en faire une critique en comparant avec ses observations.

Irvine y excellait et faisait fonctionner son libre-arbitre tout le temps. A mesure que le temps passé, et plus son élève devenait un sage. Son maître était heureux de voir perdurer, en contemplant son élève, que son enseignement perdurait même après sa mort.

Mais un jour, le jeune adolescent découvrit une autre passion. En effet en lisant les livres de son maître ,qui lui-même le laissait choisir lesquels méritaient son intérêt, il tomba bien évidemment sur des traités parlant de stratégies militaires et des histoires de guerriers racontant leurs exploits ou la peine de perdre un ami sur les champs de batailles, d’être éloigné de sa famille et de son épouse.

Au début il était dégoûté des atrocités que les humains pouvaient infliger à d’autres citoyens. Il en discuta pendant des nuits entières avec son mentor pour savoir ce qui pouvait motiver de tels actes, les justifier et Hokanu était bien en peine de lui répondre et ne put que lui raconter ce que sa mère lui avait transmis avant de mourir. Les hommes s’entredéchiraient depuis si longtemps que ceci était passé dans les mœurs. Ils ne réfléchissaient même plus à la signification de leurs actes. C’était une habitude, comme celle de tuer des Tsuchis. Ils étaient passés pour des ennemis de la nation Mizu alors que personne ne se rappelait de l’origine de cette haine et le plus odieux c’était que tout le monde ne s’inquiétait plus de cela.

Irvine était visiblement surpris par les réactions des citoyens et l’homme âgé le rassura en lui disant que des personnes telles que son apprenti ou lui étaient là pour remédier à cela et rendre aux peuples de cette terre leurs esprit critiques et de se libérer de ce carquois qui les emprisonne dans l’ignorance. Le jeune vaurien acquiesça.

Néanmoins, il continua de lire de tels livres et fut en revanche attiré progressivement les récits sur les héros des différentes nations. Ces hommes et ces femmes qui sacrifiaient tout d’eux même pour venir en aide à leur royaume, quitte à  y perdre la vie. Même si la plupart étaient écrits à posteriori par rapport aux faits, juste pour glorifier et honorer la mémoire de ceux qui étaient tombés. Il ne put s’empêcher de penser que s’il avait su se battre, ses parents seraient peut être en vie en ce moment. Cela l’empêcha de dormir toute la nuit et entre deux sanglots, serrant l’amulette de sa mère, il se décida à apprendre à se battre car plus jamais il ne resterait impuissant et laisserait des amis se faire tuer sans réagir. Il savait ce que c’était de vivre en étant seul et il préférait mourir en se battant pour protéger des vies que de vivre en n’ayant pas la conscience tranquille. Il se décida à en parler à son mentor même s’il doutait pouvoir apprendre de lui l’art de la guerre. Son destin était plus que surprenant et il remercia les Dieux d’avoir rencontrer son maître Hokanu.