Lundar était fier de ce rêve qu’il avait fait ! Avoir rêvé de sa déesse, Shankara qui lui venait en rêve, il ne pouvait espérer mieux… Il prenait maintenant le chemin de la hutte de son maître, il fallait qu’il lui raconte ce rêve et qu’il lui présente un peu plus tard, les membres de son ordre ! Il imaginait déjà la réaction de son maître, qui le féliciterait probablement pour avoir su intéresser La Maîtresse de la guerre, et pour avoir su comprendre le sens de ce rêve.
Lundar avait pris toutes les précautions, pour mettre soin maître dans le meilleur état d’esprit ! Vêtements traditionnels, offrandes à l’Autel de la déesse, une prière, et une démonstration martiale devant la statue de Shankara. Il était prêt, il pouvait aller parler de tout ceci à son maître qui l’avait vu pendant sa petite cérémonie. Lundar se dirigea vers la hutte du vieil homme.
« - Bonjour maître ! Je reviens enfin d’un long périple, j’ai tant de choses à vous dire, j’espère que vous aurez le temps de m’écouter !
- Bien sur que j’en aurais le temps jeune disciple. Je suis heureux de te revoir et en forme qui plus est, tu sembles avoir progressé ! Viens, entre, buvons ensemble un thé jeune homme et tu me raconteras ton histoire. »
Le vieil homme prépara le thé, et Lundar s’installa confortablement, à la place ou il aimait se poser quand il était plus jeune. Il observa son maître faire le thé, c’était vraiment un art, et en le regardant aujourd’hui, il s’en voulait de n’avoir jamais voulu suivre l’enseignement de son maître dans ce domaine. Le vieil homme les servit tous deux, puis s’installa.
« - Je t’en prie Lundar, commence ton récit, j’ai hâte de l’entendre.
- Bien maître, merci beaucoup. Par ou commencer ? Les guerres… Vous savez qu’il y a eu de nombreuses guerres ces derniers temps ! Et bien nous y avons participé, à toutes ! Toujours en première ligne, toujours sonnant la charge dans les premiers ! Nous avons subis de nombreuses pertes, mais nous n’avons pas fait de cadeaux aux mizus.
- C’est bien ce que je pensais, je n’en attendais pas moins de cet ordre de chevalier que tu as initié, nul doute que vous êtes bien le regroupement de la prophétie…
- A ce sujet maître, la prophétie, j’ai fait un rêve. Un rêve très étrange, et j’avais vraiment envie de vous en parler. »
Lundar raconta alors avec fierté le rêve qu’il avait fait, il était heureux de pouvoir enfin le faire ! Mais au fur et à mesure qu’il comptait son histoire, l’expression du vieil homme changeait ! Le chevalier ne le remarqua pas, il était tellement absorbé par ce qu’il disait, tellement fier. Son maître le coupa en plein milieu d’un phrase, sans aucun gêne, il semblait vraiment énervé, ce qui ne lui ressemblait pas du tout…
« - Imbécile ! Jeune prétentieux ! Tu es tellement aveuglé par ta propre réussite que tu ne fais même pas attention aux signes, c’en est vraiment affligeant ! J’avais cru pendant un moment que tu avais bien évolué, mais en fait il n’en est rien ! En aucun cas tu n’as rêvé de Shankara jeune fou… Faut-il que tu es été mon élève pour être aussi bête, mais qu’ai-je fait aux cieux ? »
Lundar ne comprenait plus rien… La peine lui venait, entendant son maître parler de cette manière, la frustration d’avoir tant cru en tout ceci ! Il était brisé tout d’un coup, les larmes lui montaient aux yeux. Il avait tant cru, il en avait tellement fait, il s’était tellement investi ! Il ne savait plus quoi faire a présent.
« - Maître, je euh… je vous demande pardon, je…
- Non c’est moi qui te demande pardon Lundar, je t’en prie ne pleure pas en ce lieu, je suis ton maître, mais comme je te l’ai enseigné, nous sommes amis avant tout ! »
Le vieil homme aida Lundar à se relever, il l’aida à se ressaisir, il se rendait compte qu’il s’était un peu trop emporté, surtout que Lundar était un bon disciple, pas le meilleur, mais un bon quand même… Il posa sa main sur l’épaule du chevalier, comme il le faisait lorsqu’il était plus jeune, et il lui adressa quelques mots.
« - Lundar, je suis désolé d’avoir réagi ainsi, mais il faut que tu saches que j’ai déjà vu un de mes disciples mourir en suivant un rêve… Je ne veux pas que ça se reproduise avec toi ! Je l’avais encouragé à suivre ce rêve, il est mort à cause de moi. Ce rêve n’avait rien à voir avec la prophétie ! Certes tu peux t’en écarter un peu, seuls les dieux sont capables de perfection, mais il faut que tu fixes une limite et que tu t’y tiennes ! J’ai entendu parler de ton ordre, et sa composition est très proche de celle de la prophétie, et présente une meilleure possibilité de soutient dans les conflits, tu as arrangé la prophétie de manière utile, mais maintenant tu ne dois plus rien changer ! J’espère que je suis clair…
- Oui maître, très clair.
- Bien, alors maintenant tu peux t’en aller jeune disciple. Que Shankara te guide dans ta quête ! »
Comme à son habitude le vieil homme ne voulait pas d’adieux ou d’au revoir trop long, il renvoyait donc Lundar sans cérémonie. Le chevalier avait conscience désormais qu’il ne fallait pas aborder les choses avec trop de fierté et d’orgueil, il ne se laisserait plus avoir ! Il fallait encore qu’il réfléchisse, savoir d’il allait coller complètement à la prophétie, ou laisser son ordre dans l’état actuel, avec un petit écart… Après tout, il ne pouvait exclure personne, une des valeurs du peuple Tsuchi est l’amitié et l’union, exclure quelqu’un serait équivalent à renier ses principes, donc le peuple Tsuchi, et par conséquent sa déesse, Shankara qu’il aimait tant.