La guerre entre les Mizu et les Tsuchi faisait rage depuis de 2, 3 jours. Avec quelques uns de mes concitoyens, nous devions nous occuper de déloger l'ennemi de notre mine. Mais nous étions trop peu nombreux pour reprendre le dessus. A chaque heure qui passait, des guerriers adversaires venaient prêter main forte à ceux déjà sur place. Chaque fois que nous arrivions à en tuer un, deux autres prenaient sa place.
Ils déferlaient en vague hurlante, détruisant tout lors de leur passage. Nous avions déterminé qu'ils étaient plus d'une quarantaine. Notre roi était plus au nord de notre position et il faisait face au clan Akatsuchi. Chacun rendant coup pour coup, la bataille était équilibrée. Il était clair que l'objectif de nos assaillants était la destruction de notre mine. Malheureusement, nous ne pouvions rien faire pour que cela cesse.
A rester éveillé tout au long de la journée, je n'avais plus de force. J'essayais de grappiller quelques heures de sommeil lorsque je pouvais m'assurer d'un remplacement possible.
Pendant ces moments là, je repensais à Nainventive qui devait être entrain de s'occuper de Little Thief et de Tristan. Ils avaient besoin d'elle pour des soins en tout genre. De plus, c'était sa période de deuil, comment une femme portant le noir pouvait elle être présente sur le lieu de l'affrontement. C'était absurde. Pourtant, j'aurais aimé avoir son soutien en ses jours difficiles.
Mais tout cela était impossible, d'un commun accord, nous avions décidé de rester un peu à l'écart, le temps d'oublier ou de surmonter nos émotions. La plaie dûe à la mort du mari de la magicienne était encore vivace et seul le calme et la tranquillité pouvaient en atténuer les effets.
Alors que je commençais à m'abandonner au sommeil, je sentis une épaule me secouer. Je ne compris pas ... Il faisait encore nuit et il devait encore s'écouler de nombreuses heures avant que je sois de nouveau en mission.
Mes yeux me piquaient et j'avais du mal à les tenir ouvert. Pourtant je pus distinguer le visage de Kitsu Taka. Cependant, voir sa tristesse l'envahir me permit de me réveiller complètement. Il avait les traits tirés et les larmes aux yeux.
Lorsque je compris cela, je ne pus aligner deux mots. J'avais la gorge sèche, je savais qu'un malheur avait touché l'Arcana Fidelis. Je l'implorais du regard, le suppléant de m'avouer ce qui s'était passé. Je sentis qu'il déglutit. Pendant quelques minutes, il hésita, il allait commencer à parler, puis se rétracter... Mon anxiété ne cessait de devenir plus forte, plus intense. Mon cœur battait à un rythme soutenu. J'avais peur d'apprendre un malheur de plus..
C'est alors que finalement, mes oreilles entendirent ce que je n'aurais jamais pu imaginer. Mon chef baissa subitement la tête, expira bruyamment et lorsqu'il me fixa de nouveau, il m'apprit le suicide de Nainventive.
Pendant un long moment, je restais bouche bée, impossible de me rendre à l'évidence de sa disparition. Je ne pouvais pas le concevoir, l'imaginer un seul instant. Je repensais à cette jeune femme que j'avais rencontré un soir dans une taverne. Elle était désespérée, elle était en quête de son mari Thief qui était porté disparu depuis de nombreux mois.
Sa peine m'avait ému et je lui avais spontanément proposé mon soutien. A cette époque, mon maitre avait rendu l'âme et je ne vivais plus que pour les autres, pour alléger leur souffrance. Il était bien triste de constater qu'une jeune femme destinée à être magicienne puisse souffrir autant.
Elle me confia une partie de son histoire, tout comme je le fis moi aussi. Chacun de nos malheurs faisait l'écho à celui de l'autre. De plus, elle en était arrivée à perdre ses pouvoirs de mage. Elle ne pouvait plus soigner par magie. Son contact avec celle ci lui était interdit. Alors que le chagrin l'accablait avec l'évanouissement dans la nature de son époux, elle devait en plus supporter une autre douleur.
N'étant qu'archer, je n'arrivais pas à ressentir le pouvoir, mais je savais que feu maitre Hokanu m'avait confié que là où nous habitions, à force de méditation, les êtres doués pour la magie pouvaient plus facilement la sentir, la palper.
C'est ainsi que je lui ai proposé mon aide, qu'elle accepta de bon cœur. C'est pourquoi, en lui ayant tendu la main, je lui ai permis de devenir l'une des sages les plus respectées à travers le monde de Sistearth.
Mais aujourd'hui, apprenant sa mort, je m'effondrais par terre hurlant à la mort. Mon cri fut plus perçant que celui d'un loup. Mon corps, lui aussi, exprima sa peine. Je ne cessais d'avoir des convulsions. Mon ami, Kitsu Taka dont j'avais fait la connaissance avant de partir pour l'Ile aux Mirages, me força à me relever. Je vis dans ses yeux la même douleur qui m'envahissait. Je me mis à pleurer sur son épaule, tandis que dans le même temps il essayait de me réconforter alors que je savais qu'il avait envie de laisser libre court à sa peine.
Pendant quelques temps, mon esprit se remémora les nombreuses conversations que j'eus avec Nainventive. Alors que j'étais en chasse du coté des sphinx, je reçus un message de la Maestria qui me demandait de l'aide. Je n'avais pas hésité un seul instant et j'ai quitté le clan Final Fantasy pour intégrer l'Arcana Fidelis en tant que professeur. Nous devions alors nous rendre sur l'ile des Mirages.
Un soir, nous parlâmes de toutes nos aventures et de bien d'autres sujets encore. Malgré tout, j'eus le malheur de lui avouer mes sentiments, sentiments que j'avais tu pendant de longues semaines.
J'étais la cause de son suicide, cette constatation m'arriva alors en pleine face. En effet, elle m'avait dit à plusieurs reprises, alors que nous étions en terre Reikonne pour rechercher le corps d'un guerrier Mizu, de bien sombres paroles. Nous avions alors eu la certitude que c'était bien feu son mari.
Ainsi, elle avait eu l'impression de l'avoir trahi, trahi sa confiance puisqu'elle m'avait avoué que, ce que je ressentais pouvait être réciproque. Elle croyait avoir souhaité ainsi la mort de Thief...
Cela ne fit qu'accroitre mon désespoir, j'avais provoqué la mort de celle que j'aimais le plus au monde, alors que je ne voulais que son bonheur. Juste la voir de nouveau sourire et rire... Mais le destin n'avait voulu qu'en faire qu'à sa tête, nous privant alors de ce bonheur que j'estimais avoir mérité tout comme mon amie. Elle n'avait que trop souffert et savoir sa vie s'arrêter ainsi eut raison de mes dernières forces.
Je me suis évanouie dans les bras de mon ami pour n'en émerger que des jours plus tard. Je voulais me lever pour aller voir son tombeau mais il me maintint de force au lit. Il me raconta alors ce qu'il avait fait....