Voilà maintenant de cela plusieurs années, 5 aventuriers, tout juste alors sortis des jupes de leurs mères, se sont rencontrés en Denkaro. Le destin avait-il joué un rôle dans cet événement, nul ne le sait…
Le fait est que ces 5 gamins se sont associés. Ils étaient tous décidés à faire quelque chose de leur vie : obtenir la gloire, le pouvoir, la richesse, l’amour des foules, la liste est sans fin !
Ensemble, ces 3 apprentis sorciers et ces 2 apprentis mages ; ces 3 garçons et ces 2 filles décidèrent de partir, de quitter leur terre natale, pour acquérir l’objet de leurs désirs.
Ils marchèrent vers le nord, et ainsi, arrivèrent dans la chaîne de montagnes qui délimite la frontière de la plaine où leurs ancêtres tsuchis avaient bâti leur capitale.
Ces montagnes inhospitalières furent une épreuve profondément cruelle pour ces cinq aventuriers novices. Le manque de nourriture, le froid leurs apprirent à ne plus se laisser guider par leur inconscience. Les privations et la faim les affaiblissaient aussi sûrement que les bêtes sauvages et les bandits qui ne cessaient de les attaquer. Ils résistèrent tant qu’ils purent, mais furent contraints de s’enfuir pour sauver leur vie.
Shankara seule sait comment ils se sont retrouvés après avoir couru pendant toute la nuit. Mais les faits sont là, au petit matin, ils étaient tous les cinq blessés, affamés, effrayés mais ensemble. C’est ce qui leur sauva la vie, lorsqu’ils tombèrent, par le plus complet des hasards, sur le camp des brigands. Heureusement pour eux, celui-ci était presque vide, puisque la plupart des bandits étaient dans les montagnes, à leur recherche.
Depuis des jours qu’ils étaient dans les montagnes, les cinq jeunes n’avaient connu que la frustration, la peur, la terreur… et la haine ! Et c’est à cette dernière qu’ils laissèrent libre cour, en massacrant les quelques personnes alors présentes dans la base des hors-la-loi.
Le pillage du camp, maintenant sinistre théâtre des proportions que peut atteindre la folie humaine, permit aux cinq de panser leurs blessures et de se refaire une santé. Une fois reposés et soignés, ils décidèrent qu’il était maintenant temps de rentrer chez eux. Alors qu’ils quittaient le camp, ils tombèrent nez à nez avec un bandit.
Celui-ci, vraisemblablement un éclaireur du gros des troupes, n’eut pas le temps de comprendre ce qu’il lui arriva ; il mourut dans la seconde. L’horreur les frappa, le gros des troupes ne devait pas être loin derrière… Que faire ? Les bandits sauraient qu’ils étaient toujours dans le coin, quand ils retrouveraient leurs compagnons !
En fouillant le camp, ils avaient découvert l’entrée d’une grotte, mais n’avaient poussé plus loin les recherches, poussés alors par le désir de se reposer. Cette cavité leur apparut comme leur dernière chance de survie. A peine le dernier des cinq avait disparu dans l’ouverture, qu’ils entendirent les cris des brigands qui avaient retrouvé leurs frères en piteux état…
Ne pas s’arrêter, continuer d’avancer dans le boyau. Au bout de quelques temps, quand ils furent sûrs de ne pas être suivis, ils ralentirent. Prenant peu à peu conscience de leur environnement, les cinq se rendirent compte que ce qu’ils crurent être une grotte, était désormais pavé, cela ne faisait aucun doute, des hommes avaient travaillé cet endroit !
La peur, et l’instinct de survie furent remplacés par la curiosité, le besoin de savoir. Qui avait construit cette galerie, qui semblait conduire dans la profondeur des montagnes ? Et le fait que cela semble très ancien et abandonné n’enlevait rien au mystère…
Au bout d’une journée de marche, le souterrain débouchait dans une immense cavité. Dans cette cavité se dressait, vestige d’une époque très ancienne, un château.
A l’instant où les cinq pénétrèrent dans le château, son unique habitant pour les quatre derniers siècles les attaqua. L’attaque de la wyverne, cette sorte de dragon dégénéré, les prit au dépourvu. Cependant, ils avaient passé le dernier mois constamment sur leur garde, alors ils réagirent promptement. En unissant leurs forces, qui même s’ils n’en avaient pas encore pris conscience, s’étaient développées, ils réussirent à repousser les assauts du monstre. Ainsi, après un combat acharné et d’une intensité sans égale, le monstre rendit son dernier souffle. Les aventuriers, harassés, entreprirent de s’installer pour se reposer dans le hall du château.
Une fois qu’ils furent tous reposés, la curiosité les poussa à explorer ce qu’il restait de cette citadelle. Ainsi, ils trouvèrent des peintures murales et des écrits qui leur permirent de comprendre où ils étaient.
Cette forteresse avait abrité, il y a aujourd’hui bien longtemps, une confrérie dont les membres ne vivaient que pour protéger les habitants des terres voisines. Cette organisation avait étendu son influence largement au-delà des montagnes où elle se situait. Ainsi, des fils et des filles de tous horizons venaient pour y être formés et servir pour défendre leurs familles des brigands et autres monstres qui infestaient alors les terres.
Mais un jour, un petit royaume voisin gagna suffisamment en puissance pour protéger à son tour les terres qui bordaient les siennes. Ainsi ce royaume augmenta rapidement en taille, unissant ses voisins sous sa bannière. Il apparut alors que ces régions n’avaient plus besoin de la protection que leur apportait la confrérie. Peu à peu, celle-ci déclina, et plutôt que de se battre et de plonger les terres qu’ils avaient juré de protéger dans le chaos et l'enfer de la guerre, les membres de la confrérie préférèrent sombrer dans l’oubli.
Ces découvertes troublèrent les aventuriers, car depuis maintenant plusieurs années, avant même qu’ils ne partent à l’aventure, le royaume tsuchi était en difficulté. Le retour d’une telle organisation, qui veillerait sur ses terres et ses habitants, serait salutaire pour tout ce peuple.
Lorsque les cinq furent tous parvenus à cette réflexion, une intense lueur rougeâtre se mit à rayonner dans la pièce où ils se trouvaient. Ils en avaient la certitude, aucun humain ne peut produire quoique ce soit de similaire. Il eut été inconcevable que cette manifestation ne soit pas d'origine divine.
Les aventuriers gardent très peu de souvenirs de ce qu’il advint lorsque que la lumière devint si forte qu’elle les éblouit totalement. Et le peu dont ils se rappellent est flou, et leurs versions se contredisent…
Cependant, il y a une chose dont ils se souviennent tous ; et c’est la seule chose sur laquelle leurs histoires réciproques convergent, ils ont prêté serment. La promesse de restaurer la confrérie et de lui rendre sa gloire passée, afin de veiller sur les terres tsuchies et ceux qui y habitent… au nom de Shankara.
