Brave Lonnie !!! Je la pensais mourante il y a quelques semaines, là, menant notre petit groupe jusqu'à cette forêt, elle ne ralentit jamais l'allure. Ele a si bien galopé que les assaillants ne nous ont jamais approché. Elle était en pleine forme, alors que moi, je n'étais plus très frais, harassé que j'étais par les kilomètres avalés et la journée chargée que je venais de passer.
Arrivés dans ce bois sombre et touffue, nous ne pouvions allumer de torche sans éviter de nous faire repérer par nos poursuivants. C'est alors qu'un sort de feu vint exploser devant nous et Lonnie se cabra, mais je pus rester en selle. Je descendis du dos de ma licorne et rejoignis Bono qui était déjà apparemment descendu. J'avais appris à Lonnie à se coucher et lui intima l'ordre de le faire, de s'allonger sur le flanc afin de ne pas être touchée par quelque projectile...
La forêt s'alluma alors, un nouveau sort de feu mal senti surement, et l'on put percevoir nos ennemis, qui semblaient être au nombre de huit ou neuf, six ou sept devant et deux sur notre côté droit. Fuir semblait impossible, combattre paraissait suicidaire, mourir était certain.
Il n'était pas assuré que ceux qui nous avaient tendu cette embuscade connaissait précisément notre position, mais ils savaient que nous étions là. Bono préparait ses sorts, Bary fit de même, moi, j'ouvris ma besace et regardait ce que je possédait comme arme. J'avais mon lance-pierres et mes billes d'acier meurtrières, mes couteaux de lancer avec lesquls j'avais encore besoin de m'entraîner et mon arc, accroché dans le dos. J'optai pour le lance-pierres, dont les projectiles discrets convenaient mieux à la situation. Cela me fit penser furtivement, je ne sais pourquoi, à la période où je me battais encore avec des cailloux... Afin de tirer tous en même temps, j'attendis que mes camarades soient prêts. Dès qu'ils le furent, je tendis mon arme, à en faire rompre les cordelettes élastiques, puis relacha la petite boule de fer qui alla se figer dans un arbre, à vingt centimètres d'un homme gros qui parut écarquiller les yeux.
- Stupide imbécile !!
C'était parti. Je me maudis un instant, ou maudis plutôt ma maladresse, mais je n'eus pas plus de temps pour me flageller mentalement, car une flèche, d'où s'écoulait un liquide verdâtre, vint se ficher dans un fourré à un mètre à peine de moi.
Le feu semblait jaillir de partout, des carreaux d'arbalètes sifflaient en tout sens, j'eus même le loisir d'observer un sort de chaos dont je n'avais jamais entendu parler et qui me glaça le sang. Bary et Bono se démenaient aussi et ce fut un miracle qu'aucun de nous ne fut encore blessé. Je tirai une nouvelle bille d'acier et cette-fois, j'entendis un râle de douleur qui, malgré moi, me réjouit intensément. Je devais l'avoir touché en pleine poitrine, en tout cas, c'est l'endroit que j'avais visé. L'adrénaline faisait son effet et la peur me quittait peu à peu; ce combat ne ressemblait en rien aux batailles menées contre les reikons, c'était plus, comment dire, spontané, sans haine...
Je m'apprêtai alors à lancer un nouveau projectile quand je sentis une brûlure à mon bras qui me fit laisser choir mon arme...